Pas moins de 144 plaintes ont été déposées depuis l’entrée en vigueur de la réforme du système québécois de consigne sur les contenants de boissons, le 1er novembre, un nombre inférieur à ce que le gouvernement Legault attendait.

« Ça a été beaucoup, beaucoup mieux qu’on pouvait l’anticiper », a déclaré le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, dans la foulée des nombreuses contraventions au nouveau règlement révélées par La Presse.

« On avait des craintes que cette réforme occasionne des problèmes majeurs dans les premiers jours, les premières semaines », a reconnu le ministre Benoit Charette, estimant que les 144 signalements faits par le public, dont seulement une vingtaine concernait spécifiquement les lieux de retour, représentent « un taux de plainte très, très, très bas ».

Un suivi est fait pour chaque plainte par l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB), l’organisme créé par les embouteilleurs pour gérer le système de consigne, et « la situation est corrigée dans une très grande majorité de cas », a indiqué le ministre, réitérant sa confiance dans l’organisme.

C’est normal, dans les faits, qu’il y ait une période de rodage.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement

Le nombre minimum de 1200 lieux de retour que l’AQRCB a l’obligation d’offrir partout au Québec est « très, très certainement » respecté, même si La Presse a relevé sur la liste officielle la présence de nombreux établissements qui, dans les faits, ne reprennent pas les contenants consignés, comme des pharmacies Jean Coutu.

« Oui, il y a des corrections qui doivent être apportées, a reconnu le ministre. Il y a un élagage qui est en train de se faire [par l’AQRCB]. »

Répétition pour 2025

Les problèmes observés actuellement faciliteront l’implantation de la deuxième phase de la réforme de la consigne, le 1er mars 2025, quand les bouteilles de vin et spiritueux en verre ainsi que les contenants multicouches de lait et de jus seront eux aussi consignés, estime Benoit Charette.

Le ministre rejette l’idée que certains acteurs de l’industrie tentent encore de faire dérailler sa réforme.

« Aujourd’hui, je les considère comme des partenaires », dit-il, soulignant que la réforme leur confère des obligations, de sorte qu’ils ont intérêt à ce que le système fonctionne.

Je sens une collaboration et surtout une volonté de chacun de ces acteurs de corriger les lacunes, qui sont tout à fait normales compte tenu de l’ampleur de la transformation.

Benoit Charette

Costco reconnaît son erreur

Le détaillant alimentaire Costco a reconnu mercredi que son magasin de Longueuil avait eu tort de refuser les contenants consignés rapportés par un représentant incognito de La Presse qui n’avait pas de carte de membre.

« On prend tous les contenants consignés, achetés chez nous ou pas, rapportés par des membres ou pas », a assuré le porte-parole de la chaîne, Martin Groleau.

De la formation avait été donnée aux employés de Costco lors de l’entrée en vigueur de réforme de la consigne, mais « le reportage a permis de voir qu’il faut refaire un autre message », a-t-il précisé.

« On a renvoyé l’information à tous nos entrepôts du Québec », a assuré M. Groleau.

Les consommateurs qui se butent à un problème lors du retour de leurs contenants consignés sont invités à en informer l’AQRCB au numéro de téléphone 1-877-CANETTE ou par courriel à l’adresse info@consignaction.ca.

L’a b c de la nouvelle consigne

Depuis le 1er novembre 2023, le montant de la consigne a été uniformisé à 10 cents pour tous les contenants consignés et la consignation a été élargie à tous les contenants d’aluminium de 100 millilitres (ml) à 2 litres (L), comme les cannettes de jus ou d’eau pétillante. L’élargissement de la consigne aux autres contenants de boissons de 100 ml à 2 L qui ne sont pas encore consignés, comme les bouteilles de vin et spiritueux en verre ou les contenants de carton multicouches pour le lait et les jus, aura lieu le 1er mars 2025 – le montant de la consigne sur les contenants de verre de plus de 500 ml sera de 25 cents. Les commerces d’une superficie de plus de 375 m⁠⁠2 où ces produits sont vendus ont l’obligation de reprendre tous les contenants consignés – pas seulement ceux qu’ils vendent. Ceux dont la superficie est inférieure à 375 m⁠⁠2 peuvent le faire sur une base volontaire, mais dans ce cas, ils doivent eux aussi reprendre tous les contenants consignés. Le retour doit être offert gratuitement à tout le monde.