En moins d’une semaine, deux skieurs sont morts dans les Laurentides. Deux décès en piste au Québec, c’est la moyenne annuelle, déjà atteinte. Mais à ces tragédies s’ajoutent les cas moins médiatisés des quelque 12 000 skieurs ou planchistes qui se blessent sur les pentes annuellement. Préoccupée notamment par la consommation de drogue ou d’alcool, de même que par l’oubli d’abaisser les barrières de sécurité dans les remontées mécaniques, l’Association des stations de ski du Québec lance une campagne de sensibilisation.

Ce qu’il faut savoir

  • En quatre jours, deux accidents de ski mortels sont survenus dans les Laurentides.
  • Déjà très ébranlée l’an dernier par la mort tragique d’une enfant de 6 ans dans une arbalète (T-bar), l’Association des stations de ski du Québec vient de lancer une campagne de sensibilisation à la prudence dans les sports de glisse, notamment dans les remontées mécaniques.
  • En moyenne, 2 personnes meurent et 12 000 se blessent sur les pistes du Québec chaque année.

Vendredi, c’est un adolescent de 15 ans qui est mort après une chute d’une remontée mécanique, à la station Sommet Morin Heights. Mardi, un septuagénaire a péri après une chute en piste, sur le versant Avila de la station Sommet Saint-Sauveur, sans qu’une collision soit en cause. Ces deux stations appartiennent à l’entreprise les Sommets.

Il est trop tôt pour savoir ce qui s’est passé précisément dans ces deux drames.

En revanche, la mort tragique d’une fillette de 6 ans, à la station Val Saint-Côme, dans Lanaudière, l’an dernier et le rapport subséquent du coroner publié en novembre a amené l’Association des stations de ski du Québec à repenser à la sécurité.

Dans le cas de la fillette, l’arbalète (T-bar) s’est coincée dans le capuchon du manteau de l’enfant, qui est morte asphyxiée après avoir été tirée sur une distance d’environ 540 mètres.

Selon la coroner, « ce problème [du capuchon coincé] aurait été évité » si l’enfant avait été avec un moniteur, un superviseur, un patrouilleur ou un adulte dans la remontée.

La question des remontées mécaniques est donc entre autres au cœur de la campagne de sensibilisation en cours, indique Yves Juneau, président et directeur général de l’Association des stations de ski du Québec.

Il rappelle par ailleurs que des comportements négligents – un excès de vitesse en piste – peuvent être criminels et se traduire par des accusations.

Surtout, il souligne à quel point « la sécurité est une responsabilité partagée entre les stations de ski et les visiteurs » et que les parents doivent bien surveiller leurs enfants.

Mise en place d’un comité d’experts

En plus de la campagne de sensibilisation lancée cette semaine, un comité d’experts a été mis en place, poursuit M. Juneau. Parmi les questions étudiées, outre les remontées mécaniques (à partir de quelle taille peut-on monter seul ?), se trouvent entre autres celles de la formation des moniteurs, des ratios instructeurs/élèves dans les cours de ski, etc.

La question des drogues et de l’alcool demeure aussi très centrale, des bars se trouvant dans les stations de ski.

Leur fermeture n’est pas envisagée, de la même façon qu’il n’est pas question, souligne M. Juneau, de fermer tous les bars du Québec en raison des excès de certains.

Mais des activités de sensibilisation ont lieu, souligne-t-il, évoquant notamment le cas de Bromont, où les Nuits blanches – le ski jusqu’à 1 h du matin – sont très fréquentées.

Directeur, ventes et marketing, à la station de ski Bromont, Marc-André Meunier souligne que l’entreprise est très consciente du fait d’être « une station à fort volume », que son ski de soirée « se pratique dans un autre climat, avec un autre type de clientèle – plus jeune – et dans des conditions climatiques différentes ».

« On redouble d’efforts à l’égard de la clientèle du ski de soirée », pour que tous les skieurs se sentent en sécurité, insiste M. Meunier.

Lors d’évènements spéciaux, cela inclut par exemple « la fouille aléatoire de sacs » pour rappeler à chacun que « la pratique du ski doit se faire en plein contrôle de ses facultés », ajoute-t-il.

Consommation sous « contrôle »

Jean Côté, président de Patrouille canadienne de ski, division du Québec, note qu’en matière de drogues et d’alcool, ça semble globalement contrôlé cette saison, comparativement à il y a quelques années, « où ça avait des airs de Saint-Jean-Baptiste sur les pistes » certains jours.

Mais c’est sûr qu’à - 20, l’hiver, c’est toujours moins propice qu’une journée de ski de printemps.

Jean Côté, président de Patrouille canadienne de ski, division du Québec

Cette année, l’absence de neige pendant les Fêtes a été ce qui a engendré jusqu’ici les comportements à plus haut risque, selon lui. Peu de pistes étaient ouvertes, les parcs de neige étaient souvent fermés, de sorte que des skieurs « s’élançaient de droite à gauche à la recherche de la moindre petite bosse », sans penser à vérifier leurs angles morts.

Le drame de l’an dernier à Val Saint-Côme, qui a glacé le sang du personnel des centres de ski et des patrouilleurs, a donné lieu à une grande prise de conscience sur la vigilance de tous les instants à exercer dans les remontées mécaniques, poursuit M. Côté. Les gens y sont maintenant « plus sérieux », et lors de leçons de ski, les moniteurs sont maintenant très sensibilisés à l’importance de faire monter chaque enfant avec un adulte.

Pour ce qui est de l’équipement, selon M. Côté, « environ 95 % des skieurs et planchistes portent le casque aujourd’hui ».

Mais encore faut-il qu’il « soit attaché adéquatement » et que tout l’équipement soit en bon état, note Nina Bélanger, agente de prévention à la Patrouille de ski.

Près de 4000 hospitalisations liées aux sports chaque année

Chaque année au Québec, en moyenne, 3899 blessures d’origine sportive et récréative sont assez sérieuses pour nécessiter une admission à l’hôpital, indique le Portrait de ce type d’hospitalisations brossé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Ce portrait, qui porte sur les années 2007 à 2015, est le plus récent dont dispose le ministre de l’Éducation (aussi responsable des loisirs et des sports), indique Esther Chouinard, responsable des communications.

Elle souligne néanmoins qu’en moyenne, chaque année, ce sont environ 12 000 rapports de blessures qui sont rédigés par les patrouilleurs des stations de ski.

Selon les plus récentes statistiques de l’INSPQ, le vélo (22,9 %), les activités récréatives motorisées (20,7 %) et les sports de glisse (13,2 %) représentent la plus grande part des hospitalisations liées à la pratique de sports.

Près de quatre hospitalisations sur cinq attribuables à un traumatisme lié à la pratique d’un sport ou d’activités motorisées impliquaient une fracture.

Le profil des blessés qui ont dû se rendre à l’hôpital ? Près des deux tiers d’entre eux (71,2 %) sont des hommes et près de la moitié (46,4 %) sont âgés de moins de 25 ans.

« Les individus hospitalisés en raison de lésions survenues pendant la pratique du vélo ou d’autres activités récréatives motorisées affichent un séjour moyen plus élevé et présentent des lésions plus graves en comparaison aux autres activités. »