La mort d’un patient très instable sur le tarmac de l’aéroport de Val-d’Or, faute d’un « avion-hôpital » disponible pour le transporter, est « inacceptable », estime la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui compte faire « toute la lumière » sur ce drame.

« Nous adressons nos sincères condoléances à la famille du patient. Nous tenons à rassurer la population : le service d’évacuation aéromédicale du Québec fonctionne », a indiqué son cabinet dans une déclaration écrite, jeudi.

La mort du patient est survenue au moment de l’embarquer dans un avion d’un sous-traitant, le 4 janvier dernier, pour le transporter vers un centre hospitalier de Montréal, selon deux sources au fait du dossier.

Or, toujours selon ces sources, l’appareil en question était moins bien équipé que les « avions-hôpitaux » du Service aérien gouvernemental (SAG), mais ceux-ci n’étaient pas disponibles pour faire le transport puisqu’il manquait de pilotes pour assurer le quart de travail de nuit, comme l’a confirmé le ministère des Transports.

« Le cas dont fait état La Presse est inacceptable et nous ferons la lumière sur ce dernier. Maintenant, nous travaillons à mettre en place des mesures pour favoriser l’attraction et la rétention de personnel et renouveler notre flotte aérienne en vue d’assurer la pérennité de ses services essentiels dans nos régions », a assuré jeudi le cabinet de la ministre Geneviève Guilbault.

Il rappelle également que plus de 2500 évacuations médicales qui ont été réalisées par le SAG depuis 2022.

PHOTO JEAN-MARIE VILLENEUVE, ARCHIVES LE SOLEIL

Avions-hôpitaux du Service aérien gouvernemental, en 2018

Un plan réclamé à Québec

Chez les libéraux, les députés Monsef Derraji et André Fortin, respectivement porte-parole en matière de transport et de santé, ont déploré jeudi que les révélations de La Presse soient « une autre démonstration qu’avec la CAQ, les citoyens en région n’ont pas droit aux mêmes services que dans les grands centres ».

« Des patients qui meurent en attendant d’être transportés à l’hôpital, au Québec, en 2024, c’est inacceptable. Le gouvernement caquiste doit rapidement présenter un plan efficace pour assurer le transport d’urgence des patients en toute sécurité », ont martelé MM. Derraji et Fortin dans une déclaration conjointe.

Le dossier a aussi trouvé écho chez Québec solidaire, où la co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien a évoqué « un triste rappel qu’on en fait beaucoup trop peu pour les services d’urgence en région éloignée ».

« On le constate déjà depuis un moment avec des urgences qui ferment la nuit. Quand on apprend ensuite que les évacuations aéromédicales sont problématiques, c’est extrêmement inquiétant », a déclaré Mme Lessard-Therrien, en rappelant que le taux de mortalité au Québec « serait de deux à cinq fois plus élevé lorsqu’on subit un traumatisme en région, comme un accident vasculaire cérébral ».

« Incapacité » de remplir ses obligations

À ses yeux, le problème central est que « les inégalités géographiques sont de plus en plus fréquentes en ce qui a trait à nos services publics ». « Il faut trouver des solutions durables pour honorer le contrat social qu’on s’est donné : soigner notre monde et sauver les vies », a conclu la solidaire.

« Je suis atterré de voir que ce qu’on craignait qui arrive est effectivement arrivé », a réagi pour sa part le porte-parole du Parti québécois en matière de transports, Joël Arseneau, qualifiant ce drame d’« évitable ».

Rappelant que l’état de vétusté des avions du SAG et le manque de pilotes ont déjà été documentés dans le passé, l’incident survenu à Val-d’Or est « très grave, surtout que le gouvernement est très conscient de la situation ». Il y a « une incapacité pour l’État du Québec de remplir ses obligations en matière de santé et de sécurité des gens qui habitent en région », martèle-t-il.

Sur X, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) a aussi fait valoir que « le réseau public a besoin d’être bien traité par la CAQ pour être en mesure de livrer les services ». « Nous avons un immense territoire et donc la responsabilité d’assurer la sécurité des citoyens qui y vivent », a aussi déclaré le médecin de famille Mathieu Pelletier.

Avec Fanny Lévesque, La Presse