Un accident lors duquel une fillette a été happée par un véhicule sur le chemin de l’école quelques jours avant Noël à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, ravive le débat sur l’aménagement routier dans une zone résidentielle de plus en plus populaire auprès des familles.

« Il n’y a pas de trottoirs ici, il n’y a pas de véritable accotement. Pourtant, il y a plein d’enfants. Et ça roule parfois très vite, 60 km/h, 70 km/h », dit Cynthia Bourgoin, qui habite sur le boulevard de La Salette.

Le 20 décembre dernier au matin, ses craintes sont devenues réalité quand une fillette qui marchait le long du boulevard de La Salette près de la rue Mottram a été happée par le conducteur d’un véhicule motorisé alors qu’elle se rendait à son arrêt d’autobus scolaire. La fillette a été transportée à l’hôpital de Saint-Jérôme, ses blessures ne mettaient pas sa vie en danger.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Mme Bourgoin dit déplorer depuis des années que l’endroit soit « extrêmement dangereux » pour les piétons, et encore plus pour les enfants.

L’arrêt d’autobus est situé à un endroit vraiment dangereux. Je sais que la chauffeuse a demandé plusieurs fois à ce que l’emplacement de l’arrêt soit changé afin d’améliorer la sécurité, mais ça lui avait été refusé. Pourtant, le lendemain de la collision, l’arrêt avait changé de place.

Cynthia Bourgoin

Chaque matin, la prise en charge des enfants dans l’autobus est risquée, dit la mère de famille. « Beaucoup d’enfants doivent traverser le boulevard pour monter dans l’autobus, mais des automobilistes ne s’arrêtent pas, même quand l’autobus a ses feux clignotants. C’est rendu que la conductrice de l’autobus doit immobiliser son véhicule au centre des deux voies pour que les automobilistes en sens inverse s’arrêtent. »

Quand le Ministère dit non

Véronique Meunier, chargée de communications de la Ville de Saint-Jérôme, note que le déneigement de la rue dans ce secteur de même que la vitesse maximale permise sont sous la responsabilité du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD).

« La Ville de Saint-Jérôme prend au sérieux la sécurité des citoyens dans ce secteur, dit-elle. D’ailleurs, la Ville déposera une demande auprès du Ministère pour l’ajout de feux piétonniers à l’intersection du boulevard de La Salette et de la rue des Lacs et pour l’installation d’un panneau d’interdiction de virage à droite au feu rouge, afin de mieux sécuriser la traverse piétonnière. »

Mme Meunier affirme que Saint-Jérôme a demandé au Ministère une réduction de la limite maximale de vitesse de 50 km/h à 30 km/h sur le boulevard de La Salette, à partir de la rue des Lacs jusqu’au 1020, boulevard de La Salette, en juillet 2022, en plus d’avoir demandé l’ajout d’une traverse piétonnière à l’intersection de la rue de l’Église.

« Ces deux demandes ont été refusées par le Ministère en novembre 2023 », dit-elle.

Au MTMD, le porte-parole Martin Girard précise à ce sujet que la demande a été refusée parce que « la portion ciblée du boulevard de La Salette, à proximité de l’école, n’est pas incluse dans la zone scolaire ».

« La définition de zone scolaire est uniquement pour la section de route qui est face à l’école, ce qui n’est pas le cas ici, c’est pourquoi il n’est pas possible d’utiliser cette qualification. Ainsi, il n’y a pas lieu d’abaisser la vitesse sur le boulevard de La Salette sous la limite actuelle de 50 km/h, soit la vitesse suggérée sur les routes du Ministère en milieu urbain, le 30 km/h étant réservé aux zones scolaires ou aux endroits où un parc donne directement sur une route », détaille M. Girard.

Selon le MTMD, le réaménagement complet de l’intersection du boulevard de La Salette et de la rue des Lacs réalisé à l’été 2023 permet déjà aux piétons « de traverser en toute sécurité le boulevard ».

« Des trottoirs en bordure du boulevard vers l’est ont été ajoutés, de même qu’une piste multifonctionnelle sur la rue des Lacs vers le nord et des trottoirs vers le sud devant l’école. Cela permet aux piétons de se diriger vers les traverses de manière plus sécuritaire et leur offre un refuge de part et d’autre des traverses », poursuit M. Girard.

Vers une nouvelle analyse

Interrogé, le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a toutefois de son côté laissé entendre qu’une nouvelle analyse serait faite.

« La sécurité des piétons est une priorité pour notre gouvernement. À la demande du député de Saint-Jérôme, Youri Chassin, le ministère des Transports évaluera, en collaboration avec la Ville, ce qu’il est possible de faire pour sécuriser ce tronçon », a fait valoir le directeur des communications de la ministre, Maxime Roy.

D’ici à ce que le boulevard de La Salette soit adapté pour tenir compte de la présence d’enfants, de piétons et de cyclistes, Cynthia Bourgoin ne laissera pas son fils se déplacer seul.

« Mon fils rêve d’aller à l’école à vélo. L’école est à un kilomètre. Ce serait parfait pour développer son autonomie. Mais je suis certaine qu’il se ferait rentrer dedans. Marcher ici, c’est impossible, on se fait klaxonner constamment. J’ai un chien et je ne marche jamais là. Même les 10 mètres que j’ai à faire pour me rendre au petit chemin me font peur. »

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