Le gouvernement Legault a nommé le cousin et « meilleur ami » du premier ministre au conseil d’administration du Parc olympique, malgré une recommandation différente de la part de l’organisation.

Pierre Schetagne est arrivé en poste dans les derniers mois, alors que le sort du Stade olympique s’apprête à être tranché.

Québec affirme n’avoir reçu « en aucun moment » copie de la résolution votée en juin par le conseil d’administration du Parc olympique, qui recommandait la nomination d’une autre personne. Cette candidature avait été examinée et approuvée par deux comités du conseil d’administration.

Le Parc olympique admet ne pas avoir transmis ce nom parce que, au moment où elle s’apprêtait à le faire, le cabinet de la ministre du Tourisme avait déjà choisi son candidat : Pierre Schetagne.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE LA COALITION AVENIR QUÉBEC

Pierre Schetagne, lorsqu’il était candidat de la Coalition avenir Québec, en 2012

« Dans les échanges, ils ont dit : “Bien nous, on a quelqu’un” », a expliqué Cédric Essiminy, porte-parole du Parc olympique. « C’est une candidature qui était très intéressante pour le Parc, étant donné que M. Schetagne habite le quartier, qu’il a de l’expérience en gouvernance de sociétés d’État et en tourisme. »

« La nomination d’un membre au conseil d’administration est du ressort exclusif du gouvernement, le tout en conformité avec les profils de compétence et d’expérience approuvés par le conseil d’administration », a ajouté le Parc. La nomination a été officialisée en juillet.

« Le processus et les compétences de M. Schetagne ont été validés par les Emplois supérieurs », a renchéri le cabinet de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx. « M. Schetagne possède une longue expérience à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). »

Le candidat écarté, pour sa part, pourrait éventuellement être nommé à un autre siège, a indiqué le Parc olympique. L’organisation a refusé de dévoiler son nom. Le Parc olympique a aussi refusé de dévoiler immédiatement quels scores M. Schetagne avait obtenus dans sa grille d’évaluation des profils d’administrateurs, rendue publique chaque année.

Le meilleur ami du premier ministre

Joint la semaine dernière, Pierre Schetagne n’a pas rappelé La Presse. Au moment de mettre ce texte en ligne, son nom ne figurait pas encore dans la liste des administrateurs sur le site internet du Parc olympique.

L’homme a grandi avec François Legault et leurs parcours professionnels se sont écrits en parallèle : M. Schetagne a travaillé sous la direction de François Legault chez Transat, au sein de son cabinet de ministre péquiste de l’Éducation, d’où il a été nommé pour diriger le cégep Gérald-Godin. Il a ensuite été directeur de cabinet du ministre caquiste Jean Boulet. Il a aussi été candidat (défait) pour la Coalition avenir Québec en 2012.

« Mon meilleur ami était et est toujours Pierre Schetagne, mon cousin, avec qui j’ai franchi toutes les étapes de la jeunesse, des batailles de balles de neige contre les anglophones de Senneville jusqu’aux confidences sur nos premières blondes », a écrit François Legault en 2013 dans son livre Cap sur un Québec gagnant.

Le cabinet du premier ministre n’a pas voulu commenter l’affaire, dirigeant La Presse vers le cabinet de la ministre du Tourisme.

Il ne sera pas PDG

Le Parc olympique et son conseil d’administration risquent d’être au cœur de l’actualité au cours des prochaines années.

Fin juillet, l’organisation a discrètement annoncé que son projet de remplacement de la toiture – en cours depuis des années – incluait dorénavant d’importants travaux à la structure du stade. L’anneau technique, l’ovale de béton de quelque 460 mètres sur lequel s’appuie le toit du stade, sera totalement remplacé. Selon les informations de La Presse, il s’agirait d’un chantier de 750 millions à 1 milliard.

Selon les procès-verbaux du conseil d’administration rendus disponibles sur son site internet, l’instance est fréquemment informée de l’avancement des discussions entre le Parc olympique et le consortium qui conçoit le nouveau toit. Après des années de préparation, c’est maintenant le Conseil des ministres qui doit, ces jours-ci, se pencher sur l’opportunité d’aller de l’avant avec le titanesque chantier.

Le mandat du PDG du Parc olympique, Michel Labrecque, arrive à échéance en février. Pierre Schetagne ne sera pas son successeur, a assuré le cabinet de la ministre Proulx.

« Sans nier les grandes qualités de M. Schetagne, il n’est pas dans nos intentions de le nommer au poste de PDG », a indiqué son cabinet.

Depuis l’an dernier, les administrateurs du Parc olympique reçoivent une rémunération d’environ 13 000 $ pour leur travail, s’ils sont membres d’un comité.