(Ottawa) La famille de trois Canadiens affirme qu’ils ont été enlevés de leur maison dans la bande de Gaza lors d’un raid nocturne des forces israéliennes.

Ottawa confirme être au courant d’informations selon lesquelles un citoyen est porté disparu.

Yasmeen Elagha a déclaré à La Presse Canadienne depuis Chicago que son oncle et ses deux cousins, nés aux États-Unis, étaient portés disparus.

Ahmed Alagha est né au Canada, a affirmé Mme Elagha, et a vécu à Toronto avec ses fils Borak, 18 ans, et Hashem, 20 ans, nés aux États-Unis, avant de déménager à Gaza au milieu des années 2000.

Elle a déclaré que les trois hommes avaient la citoyenneté canadienne et qu’ils avaient été enlevés par les forces israéliennes tôt jeudi.

« Il y a tellement de gens qui posent des questions à leur sujet au Canada. Ils ont laissé une très grande impression sur leur communauté là-bas, lorsqu’ils vivaient à Toronto », a dit Mme Elagha.

Elle a ajouté que trois enfants plus jeunes, qui sont également citoyens canadiens, et leur mère Samar, qui a la résidence permanente au Canada, n’ont pas été capturés.

Dans une entrevue jeudi, elle a critiqué la réponse du Canada à l’incident, dénonçant le manque d’urgence et une mauvaise communication.

En réponse à une question concernant un article de l’Associated Press publié plus tôt jeudi, selon lequel un Canadien et ses deux fils américains avaient disparu, Affaires mondiales Canada a déclaré qu’il était au courant d’informations selon lesquelles un citoyen canadien avait disparu.

Affaires mondiales Canada a affirmé qu’il fournit une assistance consulaire à la famille, mais ne peut pas en dire davantage pour des raisons de confidentialité.

Affaires mondiales n’a pas immédiatement répondu aux autres questions sur le nombre de citoyens canadiens soupçonnés d’être portés disparus et aux critiques de Mme Elagha.

Cette dernière a déclaré que, vers 5 h jeudi matin, des soldats israéliens étaient entrés dans la maison familiale, située dans le village d’Al-Mawasi, près de la ville de Khan Younès.

PHOTO AHMED ZAKOT, ARCHIVES REUTERS

Le village d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, a été la cible de bombardements israéliens.

Selon la cousine, les soldats ont ligoté et bandé les yeux des femmes et des enfants de la famille et les ont placés à l’extérieur de la maison.

Le trio, ainsi qu’un oncle handicapé mental et deux autres hommes adultes de leur famille ont été emmenés par les Israéliens et sont toujours portés disparus, a expliqué Mme Elagha.

Des hommes d’une maison voisine ont également été emmenés. Il en a été de même pour d’autres parents masculins adultes d’une autre maisonnée d’Alagha, pour un total d’environ 20 personnes, a déclaré la cousine américaine.

Elle les a décrits comme des otages plutôt que comme des détenus, citant le manque d’informations de la famille sur la raison pour laquelle ils ont été emmenés ou sur l’endroit où les forces israéliennes les détiennent.

Des « réponses vagues » du Canada

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, a déclaré que l’administration « parlerait à nos homologues israéliens » des détentions signalées.

PHOTO PETE MAROVICH, THE NEW YORK TIMES

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby

Le Département d’État a indiqué jeudi qu’il cherchait davantage d’informations sur ces détentions. Il a évoqué des enjeux de confidentialité pour les frères en ne commentant pas davantage.

Plus de 27 000 Palestiniens, pour la plupart des civils, ont été tués dans l’offensive militaire israélienne qui a lieu à Gaza, selon les responsables palestiniens de la santé dans le territoire dirigé par le Hamas.

La guerre a commencé lorsque les militants du Hamas ont pris d’assaut Israël il y a quatre mois, tuant environ 1200 personnes et prenant environ 250 autres en otages.

Près de 85 % de la population de la bande de Gaza a été déplacée pendant le conflit, et un grand nombre de personnes se rassemblent désormais dans la zone située juste à l’extérieur du poste-frontière de Rafah avec l’Égypte.

Les ressortissants étrangers, y compris les Canadiens, ont pu quitter le territoire assiégé par ce passage frontalier étroitement contrôlé, mais seulement à certaines dates et après un processus de contrôle opaque impliquant plusieurs gouvernements.

Mme Elagha a dit qu’elle avait réussi à faire sortir ses grands-parents de Gaza, car ils sont des citoyens canadiens, mais elle a critiqué les autorités canadiennes pour avoir été difficiles à joindre à l’époque.

Elle a déclaré que le même problème s’était posé cette semaine, alléguant qu’Affaires mondiales Canada ne prenait pas la situation au sérieux.

« Le Canada a donné des réponses très vagues. Nous n’avons rien reçu de substantiel, a déploré Mme Elagha. Cela ne semble pas répondre à l’urgence de la question des vies de Canadiens en jeu. »

Cette nouvelle survient alors qu’un Canadien d’origine palestinienne, porté disparu dans la bande de Gaza, est réapparu lundi après avoir perdu le contact avec ses proches pendant deux semaines.

Mansour Shouman a choisi de ne pas suivre sa femme et ses enfants lorsqu’ils ont quitté Gaza, préférant rester pour documenter la crise humanitaire dans l’enclave palestinienne, au milieu de la guerre en cours entre Israël et le Hamas.

M. Shouman aurait été capturé par les forces israéliennes, bien qu’il ait déclaré dans une vidéo mise en ligne qu’il avait oublié son téléphone alors qu’il allait vérifier un projet, et qu’il avait dû s’abriter dans plusieurs endroits lors d’une série d’attaques.

Mme Elagha a dit qu’elle espérait que ses proches reviendraient sains et saufs. Pour l’instant, elle est furieuse des déclarations « hypocrites » d’Ottawa selon lesquelles la sécurité des citoyens à l’étranger est la priorité.

« Le gouvernement canadien a le devoir de protéger les citoyens à l’étranger, et il manque totalement à ce devoir, a-t-elle soutenu. Cela ressemble à une trahison. »