Après la longue et difficile négociation du secteur public, une autre négociation ardue, et possiblement conflictuelle, s’annonce avec 13 000 travailleuses dans les services de garde en milieu familial et dans les CPE.

Les parents ne sont peut-être pas au bout de leur peine, car même s’il est trop tôt pour parler de grève, la présidente de la FIPEQ, Valérie Grenon, avoue en entrevue qu’« on l’a en tête, parce qu’on essaie de faire bouger les choses, de mettre de la pression autrement que par la grève, mais on n’est pas capable de faire rien bouger ».

Des membres de la Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ) manifestent, ce jeudi matin à Québec, dans l’espoir d’accroître la pression sur le gouvernement pour faire démarrer véritablement sa négociation, après des mois d’attente.

« On commence nos moyens de pression. On a commencé à faire bouger les membres à la base. On va accueillir les parlementaires pour avoir des dates » de négociation, rapporte Mme Grenon.

La FIPEQ a déposé ses demandes en septembre dernier et, depuis, affirme qu’elle n’a reçu « aucun, aucun, aucun dépôt » du gouvernement du Québec, ni au plan salarial ni au plan normatif.

« Nous on négocie, mais on n’a personne devant nous ; ils font de l’occupation de table », s’exclame Mme Grenon, en parlant des négociateurs gouvernementaux.

Pourtant, les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars 2023, soit en même temps que celles du secteur public.

Elle suppose que Québec a voulu régler d’abord avec le front commun intersyndical et la FAE, avant de passer aux travailleuses dans les services de garde, mais croit que Québec aurait tout de même pu discuter des clauses normatives avec la FIPEQ en même temps.

Ses demandes

Au plan salarial, la FIPEQ a formulé en septembre dernier les mêmes demandes initiales que le front commun du secteur public, soit des augmentations en lien avec l’Indice des prix à la consommation (IPC) plus un certain pourcentage d’augmentation salariale chaque année.

La fédération de la CSQ revendique surtout plus de soutien pour accueillir les enfants ayant des besoins particuliers dans les services de garde. Elle formule aussi d’autres demandes de congés et vacances.

Comme les travailleuses dans les services de garde familiaux ne sont pas rémunérées à l’heure, mais touchent une subvention du ministère de la Famille pour dispenser ce service, la FIPEQ réclame pour elles une bonification de la subvention qui tienne compte de la hausse du panier d’épicerie.

« On ne peut pas attendre encore un an ou deux. Il y a une pénurie de main-d’œuvre dans le réseau en ce moment. La ministre de la Famille (Suzanne Roy) annonce des places et des places pour les familles du Québec. Mais si on n’a pas d’intervenantes et si on n’a pas de bonnes conditions de travail, bien ces places-là n’ouvriront jamais », a conclu Mme Grenon.