Des centaines de personnes ont bravé le froid samedi, au centre-ville de Montréal, pour montrer leur soutien à l’Ukraine, deux ans après son invasion par la Russie. La « moindre des choses » selon plusieurs d’entre elles qui constatent avec tristesse un désintérêt pour la guerre.

Les participants se sont d’abord rassemblés à l’angle des rues Guy et Sainte-Catherine Ouest, au centre-ville, puis ils se sont dirigés vers le square Philips. À cet endroit, des haut-parleurs diffusaient des chansons en ukrainien que plusieurs entonnaient.

À travers les participants d’âges variés, une seule constante : le bleu et le jaune des nombreux drapeaux aux couleurs du pays.

Pour plusieurs, même après deux ans de guerre et même si leur arrivée au Canada remonte à plusieurs années, l’engagement envers l’Ukraine ne s’est pas tari, au point où ils se présentent à toutes les manifestations en soutien à leur pays où ils peuvent se rendre.

C’est le cas d’Olga Lahno, arrivée au Canada en 2016 et rencontrée avec sa fille Olga samedi en fin d’après-midi. « J’ai travaillé jusqu’à 16 h, puis en sortant mon mari m’a amenée ici », dit-elle. « Il n’y a pas de température qui va nous arrêter », ajoute-t-elle à propos de la température ressentie qui frôle alors les -20 degrés Celsius.

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Olga Lahno

« Il était en première ligne »

Pour Karyna Komarenko, arrivée d’Ukraine avec son fils Pavlo en 2022, ces rassemblements ont d’autant plus d’importance, son mari combattant en ce moment même dans l’armée ukrainienne.

« Être ici, c’est la moindre des choses. En fait, il y a deux choses que l’on peut faire : donner à l’armée ukrainienne et montrer notre support », explique-t-elle, le ton déterminé.

« Et mon fils doit le savoir », dit-elle en serrant le garçon blotti dans un drapeau aux couleurs de l’Ukraine.

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Karyna Komarenko et son fils Pavlo.

Même s’il s’est établi au Canada il y a plus de vingt ans, en 2002, Nicolai Rassolov continue de participer au plus de manifestations qu’il peut. Au moment de l’entrevue, sa sœur aînée, qui vit à Odessa, dans le sud de l’Ukraine, était cachée dans un abri, une attaque aérienne russe ayant tué une famille de trois civils non loin, la veille.

« Il en va de même pour toutes les familles ukrainiennes qui luttent non seulement pour leur vie, mais aussi pour la liberté de l’Ukraine et pour la survie de la démocratie mondiale face aux régimes tyranniques », témoigne-t-il.

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Nicolai Rassolov

Un essoufflement

Sauf qu’après deux ans, la mobilisation s’effrite dans la population, constatent plusieurs Ukrainiens rencontrés samedi.

« Oh, mon dieu, deux ans déjà ! Ça fait si longtemps », s’exclame Karyna Komarenko, en imitant avec sarcasme la réaction de certains de ses proches lorsqu’elle leur parle de la guerre dans son pays. « Pour plusieurs de mes amis, leur seule source d’information est mon compte Instagram parce que je publie parfois à ce sujet. C’est triste », souffle-t-elle.

Présent samedi, comme à presque toutes les manifestations depuis le début de cette guerre, le consul honoraire d’Ukraine à Montréal, Eugène Czolij, s’est réjoui de voir une telle mobilisation « alors que l’on vit des moments critiques ».

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Une mascotte en carton du président russe, Vladimir Poutine, personnifié en détenu retenait l’attention au travers de la manifestation.

« Beaucoup de gens pensent que la situation s’est peut-être un peu améliorée parce qu’on entend moins parler, mais la situation est aussi grave qu’elle l’était il y a deux ans », explique-t-il. Le consul rappelle qu’en 2023, les sirènes d’alarme pour les attaques aériennes se sont déclenchées à 6000 reprises aux quatre coins du pays, selon ce qu’a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans un discours de fin d’année.

« On doit continuer à exiger que les autorités gouvernementales, dans chaque pays, donnent le maximum d’aide à l’Ukraine pour qu’elle puisse gagner cette guerre génocidaire et assurer la paix et la sécurité en Europe », martèle-t-il.

Des évènements comme celui de Montréal ont été tenus dans plus d’une trentaine de villes canadiennes, en soutien envers l’Ukraine, selon le président du conseil provincial du Québec du Congrès des Ukrainiens canadiens (CUC), Michael Shwec.

Avec La Presse Canadienne

Précision
La version initiale de cet article a été modifiée pour mieux rapporter les propos de Karyna Komarenko dont le mari n’est pas mort, mais combat dans l’armée ukrainienne présentement.