Faut-il élargir ou ajouter des autoroutes à Québec ? Implanter un réseau structurant de transport en commun, comme un tramway ? Construire un troisième lien ? Québec lance officiellement sa consultation publique sur la mobilité dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches. L’exercice ne se fera toutefois qu’en ligne.

« Il est primordial d’être connecté sur les besoins des citoyens afin de prendre les meilleures décisions pour aujourd’hui et pour demain. Nous invitons les résidents de nos deux régions à s’exprimer en grand nombre dans le cadre de cette consultation simple et accessible », a indiqué mardi la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dans un communiqué.

Le troisième lien était retourné à la case départ, cet automne. Moins de 24 heures après sa cuisante défaite dans Jean-Talon face aux mains du Parti québécois, le premier ministre François Legault avait pris tout le monde par surprise en annonçant qu’il voulait consulter la population de Québec au sujet du troisième lien et que toutes les options étaient sur la table.

« Il faut se remettre en question. Il faut écouter les citoyens de Québec », avait alors plaidé M. Legault, en reconnaissant que « les citoyens ne sont pas satisfaits du gouvernement de la CAQ ».

Cette volte-face survenait alors à peine quelques mois après que la ministre Geneviève Guilbault eut annoncé l’abandon du volet autoroutier du projet au profit d’un tunnel réservé au transport en commun. Le projet de tramway, lui, est retourné à la planche à dessin en novembre, après avoir été retiré des mains du maire Bruno Marchand en novembre.

En ligne seulement

La consultation ne se fera toutefois qu’en ligne, au moyen d’un questionnaire et d’un sondage réalisé par la firme de recherche spécialisée SOM. Cette dernière a d’ailleurs obtenu un contrat d’approximativement 35 000 $ pour réaliser ce coup de sonde.

Dans ledit questionnaire, qui sera disponible jusqu’au 22 mars, Québec demande notamment aux citoyens s’ils sont favorables à un réseau de transport structurant ou plutôt à la construction d’axes routiers, voire les deux. On leur demande aussi au passage de qualifier l’état de leurs déplacements, d’identifier des pistes d’améliorations et d’évaluer la gravité des « enjeux de mobilité » dans la région.

A priori, le questionnaire priorise surtout les résidants de la grande région de Québec, mais tous les Québécois peuvent y répondre. Cela dit, les questions peuvent varier en fonction de votre région. Et si vous n’habitez pas la capitale, il vous faut indiquer à quelle fréquence vous visitez le secteur.

Selon nos informations, CDPQ Infra, qui a obtenu le mandat de proposer d’ici juin un nouveau projet de troisième lien et de tramway au gouvernement, a appris l’existence de cette consultation dans les médias, mardi matin. L’organisme recevra toutefois les conclusions et devra en tenir compte.

« Le sondage va nous permettre d’infirmer ou confirmer des tendances, et on va rendre ça public fin mai après l’analyse des résultats, puis donner ça à la Caisse », a indiqué mardi le directeur des communications de la ministre Guilbault, Maxime Roy.

« Une illusion » selon l’opposition

Chez les libéraux, le leader parlementaire de l’opposition et critique en transports, Monsef Derraji, a toutefois déploré mardi une « façade de consultation de la population » et « une illusion ». « La grande consultation promise par François Legault […] se résume finalement à une consultation en ligne, loin de répondre aux attentes de transparence et d’engagement », a-t-il dénoncé.

« On se demande d’où sort cette consultation à ce moment-ci et à quoi elle va servir alors que le gouvernement a envoyé à CDPQ Infra le mandat de la mobilité et des transports dans la région. Les questions semblent orientées vers les réponses souhaitées », a de son côté jugé le péquiste Pascal Paradis.

Etienne Grandmont, le critique solidaire en transport, affirme quant à lui que « le troisième lien est mort et enterré ». « Est-ce que François Legault lance une consultation seulement pour pouvoir faire une troisième campagne électorale sur le troisième lien ? Les gens de Québec et de partout méritent mieux que le fantôme d’un projet autoroutier de 10 milliards », a-t-il dit.

Des difficultés techniques ont été rencontrées en après-midi, mardi, sur le site du ministère. Le sondage avait été affiché comme étant « fermé » en raison d’un nombre de répondants suffisant pour l’étude, mais a été rouvert au public quelques dizaines de minutes plus tard.

« J’espère qu’ils seront nombreux à faire entendre leur voix », a dit le ministre de l’Éducation et responsable de la région de Chaudière-Appalaches, Bernard Drainville. Le ministre responsable des Infrastructures et de la région de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, a quant à lui évoqué la nécessité « d’ouvrir la discussion » sur les nombreuses « options à considérer » pour le projet de troisième lien.

Avec La Presse Canadienne