(Ottawa) Les députés devraient voter pendant 15 heures consécutives jeudi et vendredi sur plus de 200 amendements du Parti conservateur du Canada au projet de loi du gouvernement sur l’emploi durable.

Ces amendements constituent ce qui reste des près de 20 000 changements proposés par les conservateurs au projet de loi C-50 l’automne dernier lors d’un comité de la Chambre des communes.

Les libéraux prétendent maintenant que les conservateurs ont proposé une série d’amendements en utilisant l’intelligence artificielle (IA) afin d’effacer le programme du gouvernement.

Les conservateurs nient cette accusation.

La Loi canadienne sur les emplois durables décrit comment le gouvernement doit aider à préparer les travailleurs du secteur de l’énergie aux nouvelles compétences et exigences professionnelles qui accompagnent la transition économique mondiale vers les technologies propres.

Le ministre de l’Énergie, Jonathan Wilkinson, a déclaré que le projet de loi garantit la responsabilité du gouvernement et son engagement envers les personnes qui seront les plus touchées alors que le monde s’éloigne des combustibles fossiles au profit des sources d’énergie renouvelables.

Cela nécessite des plans d’action sur cinq ans, des rapports réguliers et l’inclusion des dirigeants syndicaux et autochtones dans les discussions.

Les libéraux soutiennent que leur projet de loi ne vise pas à supprimer des emplois dans le secteur énergétique, mais plutôt à ouvrir la voie à la création d’un plus grand nombre d’emplois dans le domaine des énergies renouvelables.

Une restructuration « radicale »

La porte-parole conservatrice Shannon Stubbs considère toutefois qu’il s’agit d’un modèle pour ce qu’elle considère comme une « restructuration économique radicale à grande échelle » de la part des libéraux.

Elle affirme que cela mettra au chômage des milliers de travailleurs du secteur de l’énergie en favorisant les énergies renouvelables au détriment du pétrole et du gaz.

Le projet de loi a été adopté en deuxième lecture en octobre, mais les conservateurs ont voté contre.

Lorsqu’il a été renvoyé au comité des ressources naturelles en novembre pour étude, le débat a sombré dans un désordre chaotique et une longue obstruction systématique qui, à un moment donné, a amené les députés à s’invectiver.

Le bruit était si fort lors de la réunion finale en décembre que deux députés ont voté dans le mauvais sens sur une motion parce qu’ils n’entendaient pas ce qui était proposé.

Les conservateurs ont proposé 19 600 amendements au projet de loi de 18 pages. Ce nombre est tombé à 200 une fois que le projet de loi a quitté le comité et est retourné à la Chambre des communes.

Le leader du gouvernement à la Chambre, Steven MacKinnon, a indiqué jeudi que ces amendements étaient des « amendements robots créés par l’intelligence artificielle ».

Les libéraux n’ont pas décidé de débattre à nouveau du projet de loi depuis décembre, lorsqu’ils l’ont retiré de l’agenda pour éviter un autre marathon de vote quelques jours seulement après que les conservateurs eurent forcé 30 heures consécutives de vote sur les plans de dépenses du gouvernement.

M. MacKinnon a affirmé que les conservateurs obtenaient un « temps mort », mais que le moment était venu pour le projet de loi d’aller de l’avant.

« M. Poilievre devra maintenant faire venir ses membres ici et voter aussi longtemps qu’il le faudra sur des centaines d’amendements qui ont survécu à ce processus d’amendement robotisé qui, selon eux, a été entrepris par l’intelligence artificielle, par des membres du caucus robots et des parlementaires robots », a-t-il dit.

« Ce n’est pas la façon de faire des progrès pour les Canadiens, ce n’est pas la façon de faire des progrès dans la lutte contre les changements climatiques et ce n’est pas la façon d’offrir des opportunités économiques aux travailleurs canadiens », a-t-il ajouté.

Selon M. MacKinnon, les amendements ne faisaient pas « une seule suggestion constructive » pour le projet de loi.

Des accusations « ridicules »

À la fin mars, lors d’une discussion en comité sur un autre sujet, Mme Stubbs a nié que les amendements au projet de loi C-50 avaient été générés par ordinateur.

« Permettez-moi juste de dire pour mémoire que ceux-ci n’ont pas été générés par l’IA », avait-elle alors déclaré.

Elle a indiqué jeudi que les libéraux avaient décidé d’ajouter le projet de loi à l’ordre du jour à la dernière minute pour tenter de le faire adopter rapidement.

« La “transition juste” est un programme socialiste mondial, imposé d’en haut, visant à planifier une transition économique forcée – et pas seulement énergétique – en s’éloignant des secteurs et des entreprises qui sous-tendent l’ensemble de l’économie canadienne : l’énergie, l’agriculture, la construction, le transport et l’industrie manufacturière », a-t-elle laissé savoir.

M. Wilkinson a qualifié les accusations de Mme Stubbs de « si ridicules qu’elles démentent presque toute croyance ».

Les votes ne prendront pas autant de temps qu’avant puisque le président Greg Fergus a décidé jeudi de regrouper les amendements en groupes qui seront tous votés en même temps.

Il a cité les décisions de ses prédécesseurs pour étayer sa décision, y compris celles prises par le député conservateur Andrew Scheer lorsqu’il était président en 2012. M. Scheer est actuellement le leader conservateur à la Chambre.

Au lieu de 207 votes individuels, il ne devrait pas y en avoir plus de 64. Pourtant, avec environ 15 minutes chacun, cela pourrait prendre plus de 15 heures pour les parcourir tous.

Le premier des votes a été appelé peu avant 18 h, jeudi.

Au cours du marathon de 30 heures de décembre, les votes se sont déroulés en continu, y compris pendant la nuit, sans interruption. Mais une motion adoptée par les libéraux en février empêche que cela se reproduise.

À minuit, un ministre peut demander à suspendre les votes jusqu’à 9 h le lendemain pour protéger la santé et la sécurité, non seulement des députés, mais aussi du personnel de la Colline et de la Chambre des communes.