La crise informatique à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), qui a coûté plus de 40 millions, fera l’objet d’une enquête par la vérificatrice générale du Québec. Celle-ci vient de déclencher un audit sur le déploiement de SAAQclic.

Sur le site du bureau de la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, les citoyens sont invités depuis vendredi à participer au formulaire de contribution sur le système « CASA/SAAQclic et ses composantes ». « CASA », pour « Carrefour des services d’affaires », était le premier projet de transformation numérique de la Société d’assurance automobile, qui a finalement été remplacé par SAAQclic.

Les Québécois intéressés doivent fournir une description sommaire de la situation qu’ils ont vécue durant le déploiement de SAAQclic. Il est possible de rester anonyme.

Comme l’a rappelé vendredi le quotidien Le Soleil, qui a d’abord révélé la nouvelle, la SAAQ a déjà dépensé plus d’un demi-milliard de dollars dans sa transition numérique, le contrat de déploiement ayant finalement atteint 573 millions.

Au mois de novembre dernier, le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, avait révélé que la crise informatique à elle seule a coûté plus de 40 millions. M. Ducharme était d’ailleurs entré en poste quelques mois avant, en avril, lorsque son prédécesseur Denis Marsolais a été démis de ses fonctions par le conseil des ministres dans la foulée de toute cette affaire.

L’embauche de 465 personnes a coûté 28 millions aux contribuables. Les heures supplémentaires, elles, pèsent pour environ 6 millions, tandis qu’une somme de 2,9 millions a été dépensée pour ajouter des agents de sécurité. Une dépense de 4,4 millions a aussi été autorisée pour la communication, les licences et d’autres frais, pour un total très exact de 41,3 millions.

Plusieurs centres de service ont dû être fermés pendant deux semaines pour permettre la transition, ce qui a entraîné de longues files d’attente à leur réouverture.

Au plus fort de la crise, des files d’attente monstre s’accumulaient devant les succursales, alors que plusieurs services numériques n’étaient pas accessibles, dont le renouvellement du permis de conduire, le paiement de l’immatriculation ou la prise de rendez-vous pour un examen de conduite, entre autres. La situation avait même été qualifiée de « fiasco » par le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire.

« Je comprends que les citoyens soient en colère, qu’ils veuillent des réponses et des solutions, et ils les auront, mais il faut être objectif : je ne peux pas rendre mes équipes responsables d’un projet qui existait avant leur mise en place », avait martelé M. Caire, en entrevue à La Presse.

Ce dernier avait néanmoins rejeté toute forme de « responsabilité », en s’en prenant plutôt à la haute direction de la société, qu’il accuse d’avoir mal planifié son projet d’implantation dès le départ.

Le rapport final de la vérificatrice générale devrait paraître à l’hiver 2025, mais l’échéancier pourrait être modifié en cours de route, a indiqué le bureau de la vérificatrice générale.

Avec La Presse Canadienne