L’avocate Valérie Assouline, qui défend régulièrement des causes en matière de jeunesse, est sévère : pour elle, les conflits parentaux graves, et l’aliénation parentale, sont beaucoup trop fréquemment utilisés par la DPJ pour écarter les mères de la vie des enfants.

« Les conflits parentaux sévères, ce n’est pas un cas isolé, c’est devenu la majorité de mes dossiers, dit-elle. Les intervenants se rangent derrière un parent, généralement le père, et ensuite, ça devient la direction de la protection du papa. »

Est-ce ce qui s’est passé dans le cas de l’histoire des deux enfants gérée par la DPJ du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal ? Chose certaine, c’est d’abord le père qui a obtenu la garde des enfants, avec des accès supervisés pour la mère. La mère a déclaré devant le tribunal qu’elle avait accepté une expertise psychiatrique, qui lui a été défavorable à plusieurs égards, parce que les intervenants lui avaient dit qu’en cas de refus, elle perdrait la garde de ses enfants.

La DPJ estimait qu’il y avait un risque sérieux de négligence pour les enfants lorsqu’ils se trouvaient chez la mère. Le tribunal a rejeté ces prétentions. « Le tribunal est sensible aux irritants auxquels madame fait face depuis sa séparation : passé douloureux, déséquilibre financier », écrit la juge Martine Nolin. Le tribunal a finalement accordé la garde partagée aux deux parents, selon des modalités très précises.

Décision « drastique »

Valérie Assouline déplore les « mesures drastiques » qui sont souvent prises à l’endroit de la mère dans ce type de dossier.

On juge que la mère est aliénante, mais on n’a parfois aucune expertise ! Pour moi, les femmes sont victimes de violence institutionnelle de la part de la DPJ.

Me Valérie Assouline

Elle a vu des enfants d’à peine 3 ans ainsi coupés de tout contact avec leur mère. « Comment peut-on prendre une décision aussi drastique ? C’est barbare ! dit-elle. Souvent, je demande des expertises psychologiques, mais ça prend un an, et ensuite, il y a des mois de délai devant les tribunaux. Et pendant ce temps, la mère voit ses enfants au compte-gouttes ! »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Me Valérie Assouline représente la famille de la fillette de Granby.

MValérie Assouline représente la famille de la fillette de Granby morte en avril 2019 dans une poursuite civile contre la DPJ. Elle réclame trois millions de dollars en indemnisation pour la famille de la fillette, qui était suivie par la DPJ depuis sa naissance, et a été tuée par son père et sa belle-mère.

L’avocate poursuit également la DPJ pour trois millions dans la région de Montréal, dans l’affaire de la petite Maélie, tuée par sa mère Stéphanie Brossoit. La petite avait été signalée à l’organisme plusieurs fois dans les mois précédant sa mort.