La désignation des saints par l'Église catholique, qui fait aujourd'hui l'objet de règles complexes, n'a pas toujours été l'apanage des papes.

Pendant des siècles, ils étaient plutôt désignés localement par acclamation populaire. Le Vatican a centralisé graduellement le processus, établi par le pape Urbain VIII en 1634 et retouché à plusieurs reprises.

La Congrégation pour les causes des saints, à Rome, est chargée aujourd'hui de veiller au déroulement du «procès en canonisation» et de transmettre ses recommandations au pape, qui décide ou non de procéder.

Pour qu'une personne soit canonisée, elle doit avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli deux guérisons «miraculeuses», la seconde devant survenir après l'étape intermédiaire de la béatification. Le nombre de miracles exigé était autrefois deux fois plus important.

Normalement, le processus de canonisation n'est ouvert que cinq ans après la mort de la personne concernée et peut prendre des décennies, voire des siècles, avant d'aboutir. Les statistiques indiquent que cette durée tend cependant à devenir de plus en plus courte.

Dans le cas du frère André, la canonisation décidée par le pape Benoît XVI marque l'aboutissement de démarches engagées en 1940, quelques années après la mort du religieux, relève la biographe et journaliste Micheline Lachance, auteure d'un ouvrage très documenté sur la vie du futur saint.

«Le processus de canonisation s'est ouvert très rapidement. Je pense que c'est la pression populaire qui l'exigeait», dit-elle.

«Les gens l'avaient déjà canonisé de son vivant, ils le considéraient comme un saint... Il a fallu laisser ses admirateurs entrer jour et nuit pour voir sa dépouille tant il y avait de monde. Des policiers surveillaient le corps parce que les gens essayaient de voler des cheveux pour en faire des reliques», explique Mme Lachance.

LES MIRACLES DU FRÈRE ANDRÉ

Il faut avoir deux miracles à son actif pour être canonisé. Rome a authentifié un miracle attribué au frère André, la guérison complète d'un Américain, Joseph Audino, qui, en 1957, se remet d'un cancer du foie devenu généralisé. Après sa béatification, en 1982, un autre miracle est reconnu. Il s'agit du cas d'un petit garçon de 10 ans, frappé par une voiture en vélo, qui finalement se réveille sans séquelle d'un coma de trois semaines, d'une hémorragie cérébrale et de multiples fractures.