Les négociations avec les associations étudiantes pourraient être plus longues que ne le souhaitait la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. Mais la «trêve» devra se prolonger aussi.

Mme Beauchamp se montre désormais plus patiente. Lundi, elle disait se donner «un horizon de 48 heures» pour dénouer la crise. Mais ce n'était qu'un « souhait », affirmait-on aujourd'hui à son cabinet.

«J'ai indiqué un cadre (de 48 heures) parce qu'à l'évidence même, dans certains établissements, il faut réagir très rapidement pour rétablir le cours normal de la session», a commenté la ministre lors d'un bref point de presse à l'entrée du caucus libéral.

En contrepartie, la trêve sur les «actions de perturbation économique et sociale» devra durer plus de 48 heures. Mme Beauchamp demande que la trêve dure tout au long des négociations.

Mais elle ne semble pas vouloir chercher les cas de «perturbations» pour nuire aux négociations. Après avoir associé pendant plusieurs semaines les leaders étudiants à des gestes qu'elle jugeait illégitimes ou illégaux, elle évite de définir précisément en quoi consistent les actions de perturbations économiques et sociales visées par la trêve. Et elle évite de se prononcer sur des cas précis. «Je ne commencerai pas à commenter chaque événement», a-t-elle répondu, lorsqu'on l'a questionnée au sujet d'une manifestation à Sherbrooke. Des étudiants auraient pénétré dans un cégep qui protester contre une injonction.

La trêve ne concerne pas les manifestations pacifiques, précise-t-on à son cabinet. Pour le reste, on dit vouloir utiliser le «gros bon sens» pour évaluer si les actions étudiantes respectent la trêve.

En marge d'une annonce économique ce matin, le premier ministre Charest a exhorté les étudiants du secondaire de retourner en classe. «Nous on a tendu la main aux représentants des associations étudiantes, et nous voulons que pendant la période où il y a cette discussion, et après, que les étudiants restent à leurs cours. En boycottant leurs propres cours, ilssont les premiers à en subir les conséquences, alors il n'y a pas de raison de boycotter.»

Il a aussi affirmé qu'il n'y avait «pas de raison pour laquelle les élèves du secondaire devraient boycotter leurs propres cours».

Les négociations ont commencé lundi en fin d'après-midi. Mme Beauchamp a assisté à la première moitié de la rencontre. «On s'est entendu avec les associations étudiantes de ne pas commenter le contenu des discussions (...) Les discussions se font dans un ton respectueux. On va laisser les discussions se faire», a-t-elle affirmé.

Onze délégués étudiants participent aux négociations (quatre de la CLASSE, trois de la FEUQ, deux de la FECQ et deux de la Table de concertation étudiante du Québec).

Même si le conflit étudiant dure depuis 11 semaines, M. Charest a assuré que son gouvernement était ouvert depuis le début à discuter avec les étudiants. «Nous, on fait ca avec ouverture depuis très longtemps. Ça a pris du temps aux gens des associations de venir à la table. Nous y sommes, alors dans les circonstances, je vais laisser aux gens le soin de se parler, et puis on va éviter de faire des commentaires.»

- Avec Martin Primeau