Pauline Marois tente de refroidir les esprits et de convaincre ses militants de ne pas gaspiller leurs munitions avec des tirs fratricides. «J'ai le goût de dire: on va se calmer un peu. On va prendre le temps de respirer un peu. Je n'ai actuellement pas du tout l'intention de me laisser distraire», a-t-elle lancé, mercredi, lors du dévoilement du programme du parti, intitulé Agir en toute liberté.

Ce programme reprend ce que les militants ont adopté en avril dernier, au congrès national du parti. Un heureux souvenir pour Mme Marois, qui avait alors récolté 93% d'appuis au vote de confiance.

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Depuis, quatre députés ont quitté le parti (Louise Beaudoin, Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Jean-Martin Aussant), Jacques Parizeau et 12 «jeunes» députés ont entretenu des échanges épistolaires musclés, et le leadership de Mme Marois a été sévèrement critiqué. Bernard Landry a qualifié de «gâchis» sa gestion de cette crise «sans précédent».

Elle ne regrette pas d'avoir autorisé ses députés à inviter poliment M. Parizeau à taire ses critiques. Mais elle souhaite passer à autre chose. «J'ai vraiment le goût qu'on se remette à la tâche tous ensemble», a-t-elle indiqué.

Mme Marois a de nouveau défendu la démarche référendaire adoptée par les militants. «J'ai un projet à bâtir, j'ai des changements à proposer à la population du Québec. J'invite tout le monde, peu importe leurs points de vue, à militer au Parti québécois pour faire avancer la souveraineté.»

Elle vante les mesures prévues par sa «gouvernance souverainiste», comme la création de la citoyenneté québécoise et l'adoption d'une Constitution, le renforcement de la Charte de la langue française, l'adoption d'une charte de la laïcité et l'abrogation de la loi du gouvernement Charest qui légalise les écoles-passerelles.

Le PQ mise aussi sur l'intégrité. Au cours des 100 premiers jours de son mandat, un gouvernement péquiste ouvrirait une commission d'enquête sur l'industrie de la construction et sur le financement des partis politiques. Il changerait également le régime de redevances des ressources naturelles afin qu'il «rapporte véritablement aux Québécois».

Mme Marois demande un mandat pour «gouverner le Québec» et pour «proposer aux Québécois de s'engager vers la réalisation de la souveraineté».

Dans son programme, le PQ s'engage à tenir un référendum «au moment jugé approprié». Si rien ne change, aux prochaines élections, les Québécois ne sauront donc pas si un vote pour le PQ équivaut à un vote pour la tenue d'un référendum.

La chef du PQ rappelle que de «très longs débats» doivent d'abord se faire à l'Assemblée nationale. Elle n'a pas voulu dire si un mandat au cours duquel il n'y aurait pas de référendum serait pour elle un échec. Elle juge la question hypothétique.

Mais la souveraineté n'est-elle pas la raison d'être de son parti? «La raison d'être de notre parti, c'est de répondre aux besoins des Québécoises et Québécois en leur proposant des solutions comme gouvernement, et nous pensons que les solutions seraient meilleures dans un État indépendant. Et c'est cela, notre objectif», a-t-elle précisé.

Peu bavards

Mme Marois était accompagnée mercredi matin d'une dizaine de députés. Après la conférence de presse, ils se sont montrés avares de commentaires. «On est là pour appuyer notre chef», a indiqué Mathieu Traversy, jeune député de Terrebonne, avant de quitter rapidement les lieux sans répondre aux autres questions.

«Je ne commente pas la situation du parti, mais je travaille à la redresser», a quant à lui affirmé le directeur du parti, Sylvain Tanguay.