La Fédération québécoise des municipalités, qui s'insurge contre les vérifications entreprises par Québec dans une dizaine de villes, a montré discrètement la porte de sortie à l'un de ses administrateurs, Richard Marcotte, maire de Mascouche, ville visée par plusieurs enquêtes.

Dans le registre des entreprises du Québec, tel que consulté jeudi dernier, Richard Marcotte figure encore parmi les administrateurs de la FQM. C'est ce qui est indiqué aussi sur le site internet de la Ville de Mascouche. Pourtant, M. Marcotte a récemment été averti par lettre qu'il était exclu du conseil d'administration. Motif officiel: ses absences «non motivées» à plus de trois séances consécutives du conseil d'administration lui ont fait «perdre son droit de siéger», a indiqué à La Presse le président de l'organisme, Bernard Généreux.

Mais en fait, les pressions étaient fortes sur le maire de Mascouche pour qu'il démissionne. «Nous avons eu des échanges avec lui pour connaître ses intentions, reconnaît Bernard Généreux. On sait qu'il y a une forme de persévérance de sa part à garder son siège de maire, mais en ce qui nous concerne, il y a une question d'éthique évidente. On ne peut pas non plus indûment accepter que des situations comme celles-là portent ombrage à des organismes comme la FQM. Il y a des faits qui s'accumulent dans son cas et qui me semblent assez évidents.»

Au cabinet du maire, on dit ne pas avoir encore reçu la lettre de la FQM, mais on soutient que c'est Richard Marcotte qui s'est retiré. Celui-ci attendrait désormais que les vérifications qui ont lieu soient terminées pour se rassoir avec les membres du CA et éventuellement retrouver son siège.

Richard Marcotte représentait depuis le début des années 2000 les municipalités de plus de 10 000 habitants au conseil de la FQM. Il a aussi agi à titre de négociateur pour le compte de la FQM au début des années 2000 à une table de négociation avec le gouvernement du Québec.

Récemment, Bernard Généreux avait réagi avec vigueur à la multiplication des vérifications entreprises par le ministère des Affaires municipales dans une dizaine de villes du Québec. «Quand on multiplie comme ça les interventions, sans trop savoir, et encore une fois, je ne veux présumer de rien, mais ça crée l'impression que le monde municipal, c'est une gang de mafieux, une gang de pourris et moi, c'est le contraire dont je me rends compte quand je vois mon monde», avait-il dit.

Des propos que le président de la FQM ne renie pas. Il en profite pour montrer du doigt la médiatisation de ces «vérifications»: «Est-il nécessaire que les noms des villes vérifiées soient rendus publics dès le début du processus de vérification? demande Bernard Généreux. Cela amplifie la présomption de culpabilité de malversation.»

Il déplore aussi que l'on s'acharne sur les élus et les municipalités, mais que l'on ne dévoile jamais les noms des entrepreneurs «corrupteurs».

La FQM dit être la voix d'un millier de municipalités et MRC et de quelque 7000 élus.

Même situation à l'UMQ

En novembre dernier, l'Union des municipalités du Québec, organisme qui représente des municipalités de plus grande importance, avait forcé son ex-président Marc Gascon, maire de Saint-Jérôme, à quitter son poste de président. Cela après qu'une enquête de La Presse eut entre autres démontré qu'il avait fait agrandir et rénover sa résidence par un entrepreneur ayant obtenu de gros contrats dans sa ville. Mais il siégerait toujours comme administrateur, indique le site web de l'organisme, tout comme Sylvie Surprenant, mairesse de Sainte-Thérèse, et Jean-Marc Robitaille, maire de Terrebonne. Toutes des villes en cours de vérification. Même situation dans le cas du maire de Laval, Gilles Vaillancourt. Non seulement sa ville est sous la loupe du Ministère, mais il est éclaboussé par des allégations de versement de pots-de-vin à deux candidats au siège de député, dont Serge Ménard. Le maire Vaillancourt avait choisi de limiter ses activités à l'UMQ mais de conserver son poste d'administrateur. Ce qui a provoqué récemment une fronde de plusieurs élus de Montréal et sa banlieue. Ils estiment que «tous les membres du CA doivent faire preuve d'un comportement exemplaire, aucun soupçon d'acte irrégulier ne peut peser sur eux», lit-on dans une lettre écrite par le maire de Westmount, Peter Trent, au début du mois de février et que La Presse a obtenue.