Les leaders de la communauté grecque sont fâchés: ils reprochent au Parti libéral de ne pas avoir choisi de candidat d'origine grecque dans Laval-Les Îles, circonscription à forte densité hellénique.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, le Congrès hellénique du Québec a carrément exhorté les électeurs d'origine grecque à ne pas voter pour la nouvelle candidate Karine Joizil, «afin d'exprimer leur désapprobation».

Vu le long attachement des Grecs de Laval au Parti libéral, cet appel au boycottage a de quoi surprendre. Mais selon Demetrius Manolakos, ancien président de la Communauté hellénique de Montréal, il était important de passer un message clair. «Ils auraient dû avoir la courtoisie de nous consulter. C'est vrai que les Grecs sont traditionnellement fidèles aux libéraux. Mais là je pense qu'ils nous tiennent pour acquis.»

Madame Joizil, qui est par ailleurs d'origine haïtienne, admet qu'elle aurait pu se passer de cet «imprévu de campagne». La jeune candidate a déjà la difficile mission de remplacer Raymonde Folco, qui a décidé de ne pas se représenter après 13 ans à la tête de la circonscription. Mais elle refuse de donner une «importance démesurée» à cet incident de parcours.

«Je ne prends pas ça à la légère. Mais disons que sur le terrain, j'entends plutôt des bonnes choses» dit-elle.

Jusqu'ici, la controverse ne semble pas avoir causé de gros émoi dans la communauté. Certains s'étonnent même de cette crise soudaine, considérant qu'il y a déjà eu d'autres candidats libéraux non-grecs dans Laval-Les Îles.

Reste à voir ce que ça donnera lundi. «Est-ce que cette histoire peut influencer le vote? Honnêtement, je ne pense pas, lance Michel Tellidès, animateur de l'émission grecque Periscope, diffusée le samedi à CFMB. Peut-être que quelques Grecs vont prendre cet appel en considération, mais pas la majorité.»

«De toute façon, quelles sont leurs options? Les autres partis n'ont pas de Grecs non plus...»