Les familles qui vivent une situation de défavorisation socioéconomique courent presque deux fois plus de risques de voir leur enfant signalé à la DPJ que celles qui vivent en milieu aisé.

Le constat, déjà appuyé par des années de recherche en travail social, est désormais renforcé par de nouveaux chiffres, par les mêmes chercheurs qui ont calculé le taux de prévalence des signalements.

Munis de leur matrice de données qui couvre 17 ans de dossiers sociaux au Québec, les chercheurs les ont couplées avec les 10 650 secteurs de recensement au Québec. Ces secteurs de recensement peuvent représenter des régions entières, des quartiers ou des parties de quartiers dans une ville, selon la densité de population.

Cette seconde étude, que La Presse a obtenue, a été soumise à la publication Child Abuse and Neglect, et devrait être publiée au cours du mois d’octobre.

Ces secteurs de recensement ont été divisés en trois tiers, selon le niveau de défavorisation socioéconomique. Les chiffres démontrent que plus un secteur de recensement a un indice socioéconomique bas, donc plus les gens y sont pauvres, plus les enfants font l’objet d’un signalement à la DPJ.

Dans ces secteurs défavorisés, 204 enfants sur 1000 ont été signalés pour la période qui s’étend de 2000 à 2017. C’est près de deux fois plus que les enfants qui vivent dans des secteurs de recensement où le revenu est le plus élevé : dans ces secteurs, 117 enfants sur 1000 ont été signalés à la DPJ.

De même, les enfants qui vivent dans les secteurs de recensement les plus défavorisés courent près de trois fois plus de risques d’être placés hors de leur domicile familial.

Or, le Québec est l’un des États en Amérique du Nord où l’on retrouve les politiques les plus progressistes en matière de soutien aux familles. « Le Québec dépense plus pour les services aux familles et aux enfants que n’importe quelle province au Canada », établissent les chercheurs.

Garderies subventionnées, services de pédiatrie sociale, subventions au logement, soins dentaires gratuits pour les enfants, assurance médicaments : tous ces programmes font en sorte que le Québec a le taux d’inégalité le plus bas pour les familles, après impôts.

Conclusion des chercheurs : « Les politiques de soutien universel mises en place au Québec ne rejoignent peut-être pas suffisamment les familles qui en ont le plus besoin. Nos résultats suggèrent que des mesures plus ciblées vers les familles qui vivent dans des secteurs de recensement particulièrement défavorisés pourraient réduire le risque d’intervention de la DPJ. »