C’est mercredi que ça passe ou ça casse pour la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Quatre de ses syndicats ont approuvé l’entente de principe conclue avec le gouvernement jusqu’ici, et quatre l’ont rejetée. Ne reste à entrer que le vote du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska, qui viendra rompre l’égalité mercredi soir et qui déterminera si un retour à la table de négociation sera nécessaire pour cette centrale.

Ce qu’il faut savoir

  • Le 28 décembre, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a recommandé l’adoption de l’entente de principe décrochée avec le gouvernement.
  • Quatre syndicats locaux de la FAE ont suivi le mot d’ordre et voté pour l’entente. Quatre autres l’ont rejetée, insatisfaits des gains jugés trop maigres en matière de conditions de travail.
  • Ce sera le vote de mercredi du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska, dans la région de Granby, qui sera décisif pour la FAE.

La FAE, sur le plan national, a recommandé l’acceptation de l’entente de principe. L’exécutif du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska recommande quant à lui son rejet.

Comme il y a présentement égalité à l’échelle du Québec pour la FAE, c’est dire la pression qui repose sur les épaules de l’exécutif de la FAE de la Haute-Yamaska et de ses membres.

Mélanie Hubert, présidente de la FAE, a fait savoir lundi qu’elle n’accorderait aucune entrevue d’ici à ce que le vote soit terminé. L’exécutif local de la FAE n’a pas rappelé La Presse.

Que le vote aille dans un sens ou dans l’autre, aucun syndicat ne retombera en grève », assure Marie-Josée Nantel, conseillère aux communications à la FAE. Si l’entente de principe est rejetée à cinq syndicats locaux de la FAE contre quatre, « les négociations reprendront et toute action de mobilisation devra d’abord être décidée en assemblée générale ».

La grande question est aussi de savoir combien de temps durera l’assemblée à Granby, mercredi, alors que des votes qui se sont tenus en début de nuit dans d’autres assemblées de la FAE continuent d’être l’objet de vives critiques.

Une pétition

Le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska compte 2000 membres. Il est donc d’assez petite taille, très loin, par exemple, de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal (elle aussi affiliée à la FAE), qui en compte plus de 11 000.

Comme l’a rapporté le quotidien Le Droit lundi, une enseignante de Gatineau, Cynthia Lagarde, a même lancé une pétition demandant au Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais (SEO) de reprendre le vote favorable à l’entente de principe, qui s’est tenu la semaine dernière. Elle réclame que le processus se fasse « avec des heures fixes de vote et une durée prédéterminée afin de permettre aux membres de voter en plus grand nombre ».

En fin de journée lundi, 234 personnes avaient signé cette pétition, sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agissait dans tous les cas de membres du syndicat ou de membres différents.

Diane Gagné, professeure titulaire de relations industrielles à l’Université du Québec à Trois-Rivières, dit souhaiter à la FAE, sur le plan national, que les enseignants de la Haute-Yamaska votent en faveur de l’entente de principe. Elle dit l’espérer parce que « c’est dur pour l’exécutif [national], dur pour les membres » et aussi pour ne pas que « 66 000 membres de la FAE portent l’odieux » d’un rejet.

Les salaires qui sont proposés aux enseignants sont intéressants, relève-t-elle, et c’est selon elle la raison pour laquelle les résultats à la FAE sont si serrés. Car comme l’indique Mme Gagné, les syndiqués sont loin d’être emballés par les gains obtenus en matière de conditions de travail, ce qu’ils considéraient depuis le début comme le nerf de la guerre. Ce qui lui apparaît clair, c’est que peu importe l’issue du vote de mercredi, c’est si serré que les conditions de travail des enseignants devront à son avis « faire l’objet d’un débat sociétal, comme ça devrait l’être ».

Un syndicat « revendicateur »

Sa prédiction pour le vote de mercredi ? Elle dit n’avoir aucune idée de ce qu’il en retournera. D’un côté, la FAE – la grande centrale – a recommandé l’adoption de l’entente de principe. « Manifestement pas de gaieté de cœur, mais bien parce qu’elle avait l’impression de ne plus être capable d’obtenir davantage » du gouvernement.

Le syndicat de la Haute-Yamaska, souligne Mme Gagné, est cependant « l’un des exécutifs fondateurs de la FAE » et il sait se montrer « revendicateur », note-t-elle, ajoutant qu’il est impossible de prédire la façon dont réagiront les membres votants alors que repose sur eux une telle pression.

Quant à la complexité du vote, Mme Gagné rappelle que la FAE est née en 2006 d’un schisme survenu au sein de la Centrale des syndicats du Québec. Neuf syndicats de l’enseignement avaient alors choisi de faire bande à part.

Depuis lors, la FAE a toujours eu très à cœur de s’assurer que le vote de chaque membre compte de la même façon, qu’il s’agisse d’un enseignant d’un petit ou d’un grand syndicat. D’où la mécanique compliquée établie par la FAE pour l’adoption ou non de l’entente, qui comprend entre autres un système semblable à celui des grands électeurs, aux États-Unis.

Assurément, dit-elle, une fois tout cela terminé, la FAE devra réfléchir à ses façons de faire.