Les professeurs de l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie à Montréal montent aux barricades pour éviter sa fermeture possible.

Comme tant d’universités et quelques cégeps qui ouvrent des antennes très loin de leur territoire, le cégep de Victoriaville a ouvert à Montréal une filiale de son école du meuble, il y a quelque 30 ans, histoire de maximiser le nombre d’inscriptions.

Or, le cégep perdra bientôt, au profit du cégep d’Ahuntsic, son programme d’agriculture urbaine, qu’il avait accueilli dans le même immeuble (coin Masson et De Lorimier) il y a deux ans. Le cégep de Victoriaville perd ainsi le financement associé au programme d’agriculture urbaine et l’espace qu’il occupe sera bientôt libre.

  • L’École nationale du meuble et de l’ébénisterie, coin Masson et De Lorimier

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’École nationale du meuble et de l’ébénisterie, coin Masson et De Lorimier

  • L’établissement est chapeauté par le cégep de Victoriaville.

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    L’établissement est chapeauté par le cégep de Victoriaville.

  • La filiale montréalaise de l’école est ouverte depuis environ 30 ans.

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    La filiale montréalaise de l’école est ouverte depuis environ 30 ans.

  • Les élèves actuels pourront terminer leurs études.

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    Les élèves actuels pourront terminer leurs études.

  • Des élèves à l’œuvre

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    Des élèves à l’œuvre

  • Des professeurs de l’établissement ont d’ailleurs lancé une pétition pour éviter sa fermeture.

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    Des professeurs de l’établissement ont d’ailleurs lancé une pétition pour éviter sa fermeture.

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Aux professeurs, la direction aurait dit qu’elle envisage trois possibilités : rester sur place et trouver un autre locataire, vendre l’édifice et en devenir le locataire ou fermer l’antenne de Montréal pour ne conserver que son école principale de Victoriaville.

Mathieu Pellerin, qui enseigne à Montréal, dit avoir demandé à la direction si elle songeait à greffer sa filiale montréalaise à un cégep de la métropole.

Cette avenue, assure-t-il, a été rejetée du revers de la main, ce qu’il perçoit comme « une politique de la terre brûlée », le cégep de Victoriaville ne voulant pas selon lui qu’un autre cégep fasse concurrence à son école principale de Victoriaville.

C’est aussi la compréhension du professeur Julien Duchêne, qui est outré de voir que le cégep de Victoriaville est prêt à mettre la hache dans un « projet éducatif et dans le savoir-faire en ébénisterie » à Montréal pour des raisons de rivalités entre cégeps. (Entre 15 et 25 élèves sont finissants chaque année.)

La direction du cégep de Victoriaville a refusé notre demande d’entrevue dans l’immédiat, disant qu’elle ferait des commentaires après la séance du conseil d’administration du 19 février.

Le cabinet de Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, a seulement fait savoir qu’il « travaille en étroite collaboration avec le cégep de Victoriaville sur différentes pistes de solution ».

Un milieu « en santé »

Julien Duchêne trouve désolant que le petit joyau que représente l’école risque d’être démantelé alors que, de son point de vue, très peu d’efforts sont déployés pour trouver d’autres locataires. Il ajoute que l’École nationale est située au cœur d’un quartier bouillonnant, quantité d’ateliers d’ébénisterie se trouvant dans ce secteur propice au développement d’un pôle de métiers.

À Radio-Canada, l’École de joaillerie de Montréal, qui a un bail annuel boulevard De Maisonneuve, dit qu’elle se verrait très bien comme locataire à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie.

Comme les professeurs – qui ont lancé une pétition –, Éléonore Schreiber, étudiante de 2e année, souligne à quel point « le milieu de l’ébénisterie est en santé à Montréal » et que le taux de placement des finissants est de près de 100 %.

Pour Thomas Vera, l’École d’ébénisterie a non seulement été le tremplin d’une reconversion professionnelle, elle a aussi été celle qui l’a attiré au Québec de sa France natale. « Après ma formation, j’entends lancer ma business, rester à Montréal. Je pense louer un atelier, le partager avec quelqu’un et lancer mon activité. »

Les étudiants en cours de formation ne sont pas menacés. Ceux qui fréquentent déjà cette école pourront terminer leur formation. Mais tous ceux qui ont été interviewés font valoir qu’il serait regrettable de fermer une école qui fonctionne bien et qui forme des jeunes dans un domaine où il y a pénurie de main-d’œuvre.