Les conservateurs de Stephen Harper sont en recul partout au Québec et risquent de perdre cinq des 11 sièges qu'ils détenaient au déclenchement des élections. Depuis le milieu de la campagne, les conservateurs ont perdu 11% d'intentions de vote, récoltées essentiellement par le Bloc québécois.

C'est la conclusion du tout récent sondage Segma, réalisé pour La Presse et les autres journaux du Groupe Gesca du 5 au 8 octobre. Avec 506 répondants l'enquête présente une marge d'erreur de 4,7%, 19 fois sur 20.

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Si des élections avaient eu lieu cette semaine, selon Segma, le Bloc québécois aurait récolté 42% des suffrages, une augmentation de neuf points sur le coup de sonde précédent, à la mi-septembre. À l'inverse, les conservateurs passent de 31 à 20%, tandis que les libéraux marquent le pas de 16 à 18% sur cette même période. Toujours en répartissant proportionnellement les 7% d'indécis, Segma prévoit également que 13% des électeurs iront au NPD et 6% au Parti vert, grosso modo les mêmes niveaux qu'il y a trois semaines.

La culture fait mal au PCC

Selon Raynald Harvey, président de Segma, les stratèges conservateurs ont commis une énorme erreur en présumant que les coupes dans les programmes de la culture passeraient comme lettre à la poste.

«Bien des Québécois nationalistes appuyaient les conservateurs au début de la campagne, ils leur ont tourné le dos quand ils ont fait le constat que le programme de Stephen Harper ne correspondait pas à leurs valeurs», dira M. Harvey.

Objectivement, les 45 millions de compressions aux artistes ne constituent pas un enjeu pour les électeurs, «mais en touchant à la culture, l'émotivité a fait son entrée dans la campagne, pour les nationalistes pour qui les questions identitaires sont centrales», observe-t-il.

Au départ, les conservateurs s'étaient pourtant attirés la sympathie de ces mêmes électeurs avec une position «moins centralisatrice» et la reconnaissance de la «nation québécoise».

Aussi, estime le sondeur, la stratégie de Michael Fortier, avec son camion pour dénoncer le coût des élus bloquistes depuis 18 ans, aura été «une idiotie et presque une insulte de la part d'un sénateur non élu», poursuit-il.

Désormais les Québécois prévoient généralement un gouvernement minoritaire, «et si les choses continuent à se dégrader pour les conservateurs au niveau national, on va se demander s'il ne sera pas dirigé par Stéphane Dion», ajoute M. Harvey.

Retour du Bloc

Avec 42% d'intentions de vote, les bloquistes retrouveraient leur score de 2006. À 20%, les conservateurs perdent 5% par rapport aux dernières élections. Pour Segma, les conservateurs seraient ramenés à six circonscriptions, par rapport aux 11 qu'ils détenaient au début de la campagne. Selon M. Harvey, le ministre du Travail, Jean-Pierre Blackburn, perdra probablement son siège ainsi que Luc Harvey, élu de justesse dans Louis-Hébert il y a deux ans.

Avec des résultats par région, à un taux de précision de plus ou moins 6%, Segma évalue à 39% le vote bloquiste dans la région métropolitaine de Montréal. Dans cette région, les conservateurs ne récoltent que 15% des suffrages et un électeur sur cinq, soit 20%, irait au PLC.

Ailleurs en région, les bloquistes raflent 45% des intentions de vote, contre 25% aux conservateurs et 15% aux libéraux.

Les résultats de Segma s'apparentent à ceux observés dans un sondage interne du Bloc québécois obtenu par La Presse.

La firme Repères estime à partir de 200 répondants par jour que le Bloc obtiendrait actuellement 41% d'appuis contre 20% aux conservateurs et 22% aux libéraux. Le sondage, qui court depuis le début de la campagne, montre clairement qu'un virage est survenu durant la semaine du 19 au 23 septembre, au moment où les conservateurs étaient empêtrés dans les coupes aux programmes culturels et dans leurs intentions de durcir les sentences aux jeunes criminels.