La vague orange n'a pas survécu à Jack Layton. Le NPD, qui se présentait depuis trois ans comme le prochain gouvernement du Canada, a subi une cuisante défaite aux mains du Parti libéral du Canada, lundi.

La formation, qui avait remporté 59 sièges au Québec en 2011, n'a fait élire qu'une quinzaine de députés cette fois-ci. À l'échelle canadienne, elle est passée de 103 circonscriptions à une quarantaine.

Plusieurs députés et candidats de taille ont mordu la poussière: Françoise Boivin et Nycole Turmel en Outaouais, Olivia Chow à Toronto, Paul Dewar à Ottawa, Jack Harris à Terre-Neuve...

«Aujourd'hui, les Canadiens ont fait ce choix et nous l'acceptons en toute humilité», a déclaré le chef Thomas Mulcair dans son discours prononcé peu après 23h30.

La défaite est d'autant plus amère que les troupes de Thomas Mulcair ont commencé la campagne sur les chapeaux de roues, avant de chuter dans les intentions de vote. Lors du déclenchement des élections, le dimanche 2 août, le parti était en tête des sondages avec environ 34% des intentions de vote.

Ces appuis se sont graduellement effrités, et la chute s'est accentuée peu après le 15 septembre, lorsqu'une décision de la Cour d'appel fédérale a fait entrer l'enjeu du niqab dans la campagne. Ce débat a fait particulièrement mal au NPD au Québec.

Consternation

Au rassemblement du parti au Palais des congrès de Montréal, les militants ont suivi la soirée électorale avec consternation. Ils n'ont applaudi qu'aux quelques rares bonnes nouvelles, dont l'élection de Thomas Mulcair dans Outremont, celle d'Hélène Laverdière contre Gilles Duceppe dans Laurier-Sainte-Marie ou de Ruth Ellen Brosseau dans Berthier-Maskinongé.

Les résultats des provinces atlantiques ont commencé à débouler à 19h. Les néo-démocrates avaient dit aux journalistes qu'ils s'attendaient à ce que les libéraux gagnent la vaste majorité des sièges de la région. Mais l'ampleur du balayage en a pris plusieurs par surprise. Le NPD a perdu les six sièges qu'il détenait dans ces quatre provinces, qui en comptent 32 aux Communes.

Le ton était donné. Les résultats du reste du pays ont commencé à déferler à 21h30. Dix minutes plus tard, les réseaux de télévision prédisaient l'élection d'un gouvernement libéral. Cette prédiction s'est transformée en gouvernement libéral majoritaire environ une heure plus tard.

La perte d'une cinquantaine de sièges au Québec et le balayage des provinces atlantiques se sont accompagnés d'un effondrement du vote néo-démocrate dans le reste du pays. En Ontario, où le parti n'a jamais réussi à percer durant cette campagne, il est passé de 22 sièges à une dizaine. Et en Colombie-Britannique, où la formation entretenait l'espoir de consolider ses appuis pour créer un pôle est-ouest avec le Québec, ses appuis sont restés sensiblement au même niveau, avec une douzaine de sièges.

Thomas Mulcair a annoncé en fin de soirée qu'il ne ferait pas mardi matin la traditionnelle conférence de presse du chef au lendemain des élections.

Il a livré un bref discours, dans lequel il a remercié ses partisans et félicité ses adversaires, incluant le chef démissionnaire Stephen Harper qu'il a «remercié pour ses services à notre pays».

«Cette élection porte sur le changement, a-t-il dit. Et ce soir, les Canadiens ont tourné la page sur dix longues années et ils ont rejeté la politique de la peur et de la division.»

Il a consolé l'assistance en disant avoir démontré «qu'au Québec, les racines du NPD continuent de se développer. Dorénavant, le NPD sera toujours, pour les Québécois, un choix réel».

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Une partisane du NPD cachait mal sa déception au cours de la soirée.