(Bangkok) En Thaïlande, un pic de pollution inhabituel pour la saison a forcé les autorités à promettre des mesures pour améliorer la qualité de l’air, mais les défenseurs de l’environnement n’y voient qu’un écran de fumée.

Vendredi, Bangkok était dans le top 10 des villes les plus polluées au monde, selon l’application de surveillance de la qualité de l’air IQAir.

Ce pic soudain était largement dû aux conditions atmosphériques, les particules fines s’accumulant en raison d’un air plus froid, d’une pression atmosphérique élevée et d’un temps sec, selon le gouvernement.

Il a mis en garde les groupes vulnérables contre le taux élevé de PM 2,5, des particules si fines qu’elles peuvent pénétrer dans le sang.

Dans un communiqué, les autorités ont promis de « limiter les zones où les brûlis sont autorisés, de mettre en place des réglementations, d’augmenter les points de surveillance et de négocier avec les secteurs concernés au sujet de la pollution transnationale ».

PHOTO ALEX OGLE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mais pour des groupes de défense de l’environnement, le gouvernement ignore l’un des principaux responsables du problème : l’industrie.  

« Nous devons mettre le pansement là où se trouve la blessure », a déclaré à l’AFP Alliya Moun-ob, responsable de la campagne contre la pollution de l’air à Greenpeace Thaïlande.

Dans le monde, « plusieurs études montrent que l’activité industrielle est à l’origine d’une grande partie des PM 2,5, mais nous disposons de peu de données » officielles sur la Thaïlande.

Le secteur industriel ne serait responsable que de 4 % du nuage toxique qui recouvre régulièrement certaines régions du pays, généralement entre janvier et avril, affirme le gouvernement, qui incrimine plutôt les brûlages de chaumes, y compris des pays voisins.

Mais le fait que le récent pic de pollution intervienne hors saison des brûlis montre que l’impact du secteur industriel est probablement beaucoup plus important, a déclaré Panchom Saetang, directrice de l’organisation Ecological Alert and Recovery-Thailand.

« Le gouvernement tente de résoudre le problème des PM 2,5, mais il devrait se pencher sérieusement sur le secteur industriel », responsable selon elle d’un tiers des émissions de particules fines sur la capitale.

Pour Greenpeace, le pic de pollution si tôt dans la saison devrait être un signal d’alarme sur la nécessité de s’attaquer au problème de manière transparente.

« C’est le début de la saison des PM 2,5, nous devons nous attaquer à ce problème en identifiant ses causes profondes », déclare Alliya Moun-ob.

Selon le ministère de la Santé, plus de deux millions de Thaïlandais ont eu recours à un traitement médical cette année pour des problèmes liés à la mauvaise qualité de l’air.