Remblayage de milieux humides, abattage de milliers d’arbres, rejets d’eau dans la rivière Richelieu : le projet de giga-usine de cellules de batteries de Northvolt, en Montérégie, aura des impacts environnementaux « majeurs », selon les scientifiques du gouvernement québécois. Les données disponibles permettent de les visualiser.

Chênes et caryers

Northvolt installera ses plus importants bâtiments ainsi que ses stationnements dans la partie nord-est de son terrain, le secteur le plus densément boisé du site où ont notamment été répertoriés des chênes bicolores et des caryers ovales, deux arbres appréciant particulièrement les sols humides et qui sont typiques de la vallée du fleuve Saint-Laurent. D’autres bâtiments seront aussi construits dans la portion sud-est du terrain. C’est aussi là que Northvolt prévoit construire une usine de recyclage de batteries, un projet qui, lui, sera étudié par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Plus de 14 000 arbres seront abattus.

Espèces précaires

Plus de 142 espèces d’oiseaux, dont 14 à statut précaire, fréquentent le terrain de 171 hectares (1,71 km⁠2), ont noté les scientifiques du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), dans un avis faunique produit en octobre. « ll y a notamment des oiseaux aquatiques (petit blongios, petit chevalier), des passereaux (pioui de l’Est, grive des bois, martinet ramoneur, hirondelle rustique, hirondelle de rivage) et des oiseaux de proie (pygargue à tête blanche, faucon pèlerin) », ont-ils énuméré. Quatre espèces de chauves-souris à statut précaire ont aussi été observées.

Étang remblayé

Northvolt prévoit remblayer un étang utilisé par la tortue serpentine et la tortue peinte, et potentiellement par la tortue molle à épine, en dépit des objections des scientifiques du MELCCFP, alertant sur la « perte permanente d’un habitat propice pour ces espèces à statut précaire ». Au total, le projet de Northvolt prévoit la destruction de 61 des 92 milieux humides du site, parmi lesquels des marais, des étangs, des marécages arborescents et des marécages arbustifs. La « perte permanente » de milieux humides est évaluée à 138 162 mètres carrés (m⁠2), sur les 237 770 m⁠2 présents avant les travaux.

Milieux protégés

Northvolt a l’obligation de protéger 50 hectares de milieux naturels sur son terrain, en vertu de l’autorisation qui lui a été accordée par Québec. C’est la moitié de ce que préconisaient les scientifiques du MELCCFP dans leur avis faunique. « Les milieux naturels résiduels devraient être d’une superficie adéquate (plus de 100 ha) afin de maintenir une qualité d’habitat pour la biodiversité de la faune », ont-ils écrit. Dans les faits, Northvolt affirme qu’elle laissera intacts 76 hectares de milieux naturels, dont la portion nord-ouest de son terrain, un secteur moins boisé où se trouvent la plupart des milieux hydriques et une partie des milieux humides du site.

Petit blongios

Le « complexe de milieux humides » utilisé par le petit blongios, le plus petit héron d’Amérique du Nord, fait partie du secteur qui sera protégé par Northvolt, comme recommandé par les scientifiques du MELCCFP. « L’espèce est extrêmement sensible au dérangement, ont-ils écrit. Les perturbations humaines entravent la recherche de nourriture des adultes et causent l’abandon des nids, occasionnant une baisse de recrutement au site », peut-on lire dans leur avis faunique, lequel déplore au passage que le projet de Northvolt n’inclue « pas de plan concernant l’aspect de conservation ».

Rejets d’eau

Northvolt prévoit prélever et rejeter de l’eau dans la rivière Richelieu, mais ce secteur constitue une partie de l’habitat essentiel du chevalier cuivré, un poisson unique au Québec et menacé de disparition. « La localisation de la prise d’eau et de la zone de rejet d’eau de refroidissement dans la rivière peut avoir un impact sur les espèces à statut précaire du secteur », ont écrit les scientifiques du MELCCFP, déplorant que les informations à ce sujet soient « manquantes » dans les documents de l’entreprise. Une prise d’eau potable de la Ville d’Otterburn Park se trouve aussi dans ce secteur de la rivière.