La liste officielle des lieux de retour de contenants consignés au Québec comporte de nombreux établissements qui ne sont pas des lieux de retour, dont un à… Toronto !

On y trouve aussi le chic restaurant Le Parlementaire, situé à l’Assemblée nationale du Québec, où les élus et leur personnel qui ont l’habitude de s’y sustenter ne risquent pas, dans les faits, de croiser quiconque rapportant ses bouteilles vides.

« Pour des raisons de sécurité, il n’y a aucune collecte grand public à l’Assemblée nationale », a déclaré à La Presse la porte-parole de l’institution, Béatrice Zacharie, indiquant avoir demandé à l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB) de corriger cette erreur.

Trois des quatre casinos de Loto-Québec étaient également sur la liste, dont celui de Montréal, où l’agent de sécurité posté à l’entrée a sourcillé en voyant le représentant de La Presse passer la porte principale avec une caisse de 24 bières vides et un sac de canettes.

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Le casino de Montréal fait partie de la liste officielle des lieux de retour de contenants consignés au Québec.

« C’est une erreur de [l’AQRCB, le Casino] n’aurait pas dû se retrouver initialement sur la liste », a déclaré le porte-parole de Loto-Québec, Renaud Dugas, disant que la société d’État a promptement fait retirer ses établissements concernés de la liste après la visite de La Presse.

La liste officielle comporte aussi de très nombreuses succursales des pharmacies Jean Coutu, mais les trois visitées par La Presse n’acceptaient pas le retour des contenants. En revanche, une affiche dans la porte d’entrée indiquait où se trouvait le lieu de dépôt le plus près.

« Il ne faudrait pas que le Jean Coutu soit identifié comme lieu de retour, effectivement, s’il réfère à un commerce partenaire voisin », a reconnu Maryse Taupier, de l’AQRCB.

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Une affiche dans la porte d’entrée d’un Jean Coutu indique où se trouve le lieu de dépôt le plus près.

Le magasin Canadian Tire de Saint-Hyacinthe figure aussi sur la liste des lieux de retour, mais il s’agit d’une « mauvaise information », a affirmé au téléphone une employée, après s’être informée auprès du gérant de l’établissement.

Erreur des commerçants ?

Avec autant d’erreurs sur la liste des lieux de retour, « il y a lieu de se demander quelle proportion sont effectivement de [véritables] lieux de retour », affirme Amélie Côté, d’Équiterre, rappelant que l’AQRCB a l’obligation d’en offrir un minimum de 1200 à la grandeur du Québec – un nombre qui passera à 1500 le 1er mars 2025.

L’AQRCB se targuait en novembre d’avoir mis sur pied un réseau de 3273 lieux de retour.

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La liste officielle des lieux de retour de contenants consignés comporte de très nombreuses succursales des pharmacies Jean Coutu, mais les trois visitées par La Presse n’acceptaient pas le retour des contenants.

« Ça ressemble un peu à une liste qu’on essaie de gonfler », affirme Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

« Je ne serais pas prête à dire ça », répond Maryse Taupier, qui estime que le nombre de lieux de retour est « amplement suffisant », tout en reconnaissant qu’une révision de la liste s’impose.

L’AQRCB émet l’hypothèse que ces erreurs sont attribuables aux commerçants eux-mêmes, qui doivent s’inscrire sur son portail informatique, tout comme les établissements de restauration, auxquels l’organisme a l’obligation d’offrir un service de collecte des contenants consignés, et les producteurs.

Il est donc possible que certains établissements se soient inscrits dans la mauvaise catégorie et se soient ainsi retrouvés sur la liste des lieux de retour, suggère Mme Taupier, expliquant que la personne chargée de valider les inscriptions n’a pas eu le temps de toutes les faire.

« Au 1er novembre, c’était plus de 5000 inscriptions, dit-elle. C’est un processus qui prend du temps. »