Le pont de l’île Mercier, à Montréal, était toujours fermé à la circulation mercredi pour une période indéterminée en raison des crues printanières, au grand désarroi des résidants enclavés. Les résidants du secteur touché n’ont toutefois pas reçu d’ordre d’évacuation de la Ville, puisque la situation demeure maîtrisée.

« Ce n’est pas notre premier rodéo », convient Clermont Avoine, occupé à placarder les fenêtres de son sous-sol. Ses enfants ont enjambé les nombreux sacs de sable visant à empêcher l’eau de s’introduire dans les maisons pour venir l’aider dans ses travaux. Comme plusieurs, le résidant de l’île Mercier juge « prématurée » la fermeture du pont qui relie l’endroit à Montréal.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Clermont Avoine, résidant de l’île Mercier, s’affairait à protéger sa maison, mercredi.

En 2017, ça a été un gros coup. Il y avait de l’eau partout. En ce moment, c’est rien comparé à ça.

Clermont Avoine, résidant de l’île Mercier

Son fils Jean-François Avoine s’est rendu dans l’île en chaloupe mercredi matin. Il était à la disposition des résidants qui avaient besoin de denrées et ne pouvaient sortir de l’île Mercier. « L’eau n’est pas très haute. Mais pour les gens pas habitués à naviguer, je trouverais ça plus sécuritaire de marcher sur le pont. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Jean-François Avoine effectue des allers-retours en chaloupe pour rendre service à ses voisins.

Carole Latendresse a fait fi de l’interdiction de traverser le pont bloqué, malgré la présence policière à l’entrée en matinée. Le trajet s’est fait sans accroc. La citoyenne pressée de se rendre au travail a traversé à pied la structure partiellement submergée d’eau. « Ils ont pris mes infos pour me donner un ticket. Je vais le contester. Ils font leur job, je comprends, mais il n’y a vraiment pas beaucoup d’eau. »

« Ils nous empêchent de traverser, mais on l’a fait en 2017 et 2019. C’était bien pire et j’allais au travail en chaloupe », s’insurge Robert Kelley, un autre résidant exaspéré.

Il prévoit se servir de son embarcation dans les prochaines heures pour s’approvisionner en médicaments et en nourriture. « On souhaite juste que ça s’arrête à ça et que le pont soit rouvert. Ça nous rappelle de mauvais souvenirs », explique l’homme de son balcon entouré d’environ deux pieds d’eau.

  • Des résidants transportent des sacs de sable en prévision de la montée possible des eaux.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Des résidants transportent des sacs de sable en prévision de la montée possible des eaux.

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

1/3
  •  
  •  
  •  

Trop risqué, selon la Ville

La situation est surtout problématique à l’entrée du pont sur l’île Mercier. « La quantité d’eau sous le pont est importante et le débit est rapide », explique Martin Guilbault, chef de division du Service de sécurité incendie de Montréal.

La Ville s’attend à ce que le débit de l’eau monte à 7800 m3/s. Il est actuellement à 7500 m3/s, a-t-il souligné.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Policiers effectuant une patrouille nautique dans l’île Mercier, mercredi

Les résidants de l’île Mercier qui quittent leur secteur ne pourront pas retourner chez eux, à moins d’avoir une embarcation sécuritaire pour traverser. « On décourage les citoyens qui voudraient quitter et revenir par leurs propres moyens de le faire. Il y a un risque d’être emporté par le courant », soutient M. Guilbault.

En matinée, en réunion du comité exécutif, la mairesse Valérie Plante a indiqué que la situation était « somme toute stable » à Montréal.

« On est toujours en mode intervention, le centre de coordination des mesures d’urgence est en opération depuis déjà deux semaines », a-t-elle affirmé, assurant que la Ville est prête à faire face à une crue des eaux.

La mairesse a rendu hommage aux pompiers de Montréal, qui travaillent d’arrache-pied pour prévenir les inondations après de longues journées à gérer les conséquences de la tempête de pluie verglaçante de la mi-avril. « Il y a une vingtaine de digues préventives qui ont été installées », a continué la mairesse. « Les pompiers sont là pour assurer la sécurité de tout le monde. »

« On croise les doigts pour que mère Nature soit clémente et qu’on s’en tienne à la situation actuelle, a dit Valérie Plante. Mais nous sommes prêts. »