(Montréal) Des personnes endeuillées ont lancé dimanche des appels au gouvernement du Québec pour qu’il agisse pour dénouer l’impasse qui persiste de plusieurs mois entre les travailleurs et la direction du cimetière Notre-Dame-des-Neiges de Montréal, le plus grand au Canada.

Une grève de plus de 100 employés d’entretien et de bureau a maintenu les grilles en fer forgé du cimetière Notre-Dame-des-Neiges fermées au public depuis la mi-janvier, à l’exception de quelques jours au printemps.

Le conflit de travail a laissé plus de 300 corps non enterrés, les restes étant stockés à des températures glaciales dans un dépôt sur place, a indiqué le cimetière.

Jimmy Koliakoudakis, dont la mère est décédée en février, a déclaré que les membres de sa famille « souffrent ».

« Les familles ne demandent qu’un peu de dignité et d’humanité dans ce conflit de travail, a-t-il déclaré, manifestant aux côtés d’une poignée d’autres personnes devant le cimetière dimanche après-midi. Nous sommes coincés au milieu. »

« Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n’adopte pas une position plus dure ou une étape plus directe dans ce conflit de travail », a-t-il ajouté.

D’autres n’ont vu d’autre choix que de se faufiler sur le terrain.

Nancy Babalis a affirmé qu’elle venait encore presque tous les week-ends visiter la parcelle de son fils de 13 ans, décédé 10 ans plus tôt, moins un jour.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Nancy Babalis

« Je me faufile tous les week-ends. J’ai trouvé un endroit où la clôture est plus haute, a-t-elle raconté. Si c’était leur enfant ou leur être cher là-bas, ils feraient la même chose. »

Mme Babalis a qualifié l’impasse et la fermeture en cours « d’inhumaines ».

Une entente de principe entre la direction et le syndicat des employés de l’entretien du cimetière a été rejetée le mois dernier.

Les deux parties avaient convenu d’appuyer la recommandation du médiateur en chef de la province, a déclaré le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, le 15 juin, qualifiant l’accord potentiel d’« excellent développement ». Mais le syndicat de l’entretien du cimetière l’a finalement rejeté.

Les jardiniers sont sans convention collective depuis 2018, et les employés de bureau, qui ont lancé la grève en septembre, n’en ont pas eu depuis 2017.

Jean Boulet a écrit, jeudi, dans un message publié sur Twitter, que les parties le rencontreraient séparément lundi.

« Ce conflit dure depuis trop longtemps et a des conséquences importantes pour la dignité humaine et pour les familles touchées », a-t-il évoqué.

Le porte-parole du cimetière, Daniel Granger, a déclaré qu’il espérait trouver une solution « le plus tôt possible ».

De l’herbe haute jusqu’à la taille et des branches jetées au sol par une tempête de verglas en avril recouvrent le terrain du cimetière, qui s’étend sur le côté nord du mont Royal. Une marmotte assise à la base d’une pierre tombale était enveloppée dans l’herbe envahissante dimanche, la seule créature visible sur la propriété.

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Une marmotte assise à la base d’une pierre tombale était enveloppée dans l’herbe envahissante dimanche, la seule créature visible sur la propriété.

« Maintenant que toutes les feuilles sont sur les arbres, vous ne voyez pas que les branches sont cassées. Nous avons une, deux, trois, quatre branches d’arbres qui tombent chaque jour. Cela rend dangereux pour les gens de marcher dans le cimetière, a affirmé M. Granger. Il y a un gros nettoyage qui doit être fait. »