Amendes salées, règles resserrées, surveillance augmentée : les mesures visant à lutter contre le phénomène des « taxis illégaux » entrent en vigueur ce jeudi à l’aéroport Montréal-Trudeau, plus de sept mois après l’adoption d’un règlement à l’Assemblée nationale.

C’est ce qu’a annoncé la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, sur le réseau social X en début de journée. Elle avait télégraphié ses intentions à ce sujet dès le mois de juin, mais les modifications à la Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile ont finalement pris plus de temps que prévu.

Entre-temps, le phénomène des « taxis illégaux » ne semble pas s’être essoufflé depuis juin, malgré l’annonce de mesures gouvernementales en vue. De passage à l’aéroport, La Presse a été sollicitée par plusieurs chauffeurs non autorisés au début janvier.

Selon nos informations, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a également dû intervenir à quelques reprises à l’aéroport pour des conflits entre chauffeurs, au cours des derniers mois.

Dès mars 2023, La Presse avait révélé que les infractions répertoriées se multipliaient par centaines à l’aéroport pour déplorer la présence de ces « taxis illégaux ». En cause : des chauffeurs parfois harcelants, qui cherchent à frauder l’usager en augmentant le prix de façon arbitraire. En 2022, 660 évènements du genre avaient été signalés. Et en 2023 seulement, près de 1700 évènements reliés aux « taxis illégaux » ont été répertoriés, en plus de 650 constats d’infractions émis et plus de 150 véhicules non-autorisés identifiés.

« Très grande victoire »

À compter de jeudi, il sera donc formellement interdit à un chauffeur « d’adopter tout comportement susceptible d’importuner ou d’intimider l’individu sollicité », sous peine de sévères pénalités. Il sera dorénavant sanctionnable de « toucher la personne ou ses biens », voire la solliciter « d’une façon persistante malgré son refus », la suivre, la gêner dans ses déplacements, ou encore la menacer et l’injurier. Tout contrevenant à cette règle s’exposera à des amendes salées pouvant aller jusqu’à 50 000 $.

La loi imposera aussi aux responsables – dans ce cas-ci Aéroports de Montréal (ADM) – la tenue d’un « registre des autorisations délivrées » aux différents opérateurs, principalement les taxis et les Uber.

Par courriel, ADM a parlé mercredi d’une « très grande victoire » pour les passagers « qui sont en droit de s’attendre à avoir accès à un transport sécuritaire » et les chauffeurs « qui se faisaient carrément voler des courses et des clients depuis des mois ».

« Le nouveau règlement nous donnera les coudées franches pour intervenir dès qu’un chauffeur non autorisé par ADM s’essaiera à faire du transport rémunéré de personnes. Nos équipes sont prêtes à octroyer des amendes salées », a martelé le porte-parole du groupe aéroportuaire, Eric Forest.

Des contraventions allant jusqu’à environ 10 000 $ sont enfin prévues pour les chauffeurs qui ne détiennent pas d’autorisation de transport rémunéré au moment d’un contrôle. Dans le cas où une chauffeuse ou un chauffeur qui ne serait pas en possession de l’autorisation qui lui a été délivrée, elle ou il s’exposerait à une amende oscillant entre 250 $ et 750 $.

Côté surveillance, on s’est déjà ajusté du côté de l’aéroport. Depuis cet été, ADM a en effet augmenté le nombre d’agents de sécurité dans les secteurs visés par les taxis illégaux, soit principalement au débarcadère des arrivées de Montréal-Trudeau. Ces équipes devraient d’ailleurs être bonifiées en 2024.