Fermer les bars plus tard ne veut pas dire que Montréal « deviendra comme Las Vegas », a assuré mardi l’administration Plante. Celle-ci compte au contraire développer une politique de vie nocturne « pour toute la ville », adaptée à la réalité de chaque arrondissement.

« Le but, ce n’est pas d’être Las Vegas. On croit vraiment que ça peut se faire en collaboration. On veut que les gens qui ne veulent pas participer à la vie nocturne puissent se reposer, mais que ce développement économique, ce rayonnement culturel puisse aussi avoir lieu », a fait valoir mardi la responsable de la culture au comité exécutif, Ericka Alneus.

Elle répondait en soirée aux questions des nombreux Montréalais s’étant déplacés à l’occasion du lancement de la consultation sur la future Politique de la vie nocturne.

Montréal propose essentiellement d’implanter des « zones de vitalité nocturne » où on permettrait un niveau sonore plus élevé, en plus de prévoir des programmes d’aide financière pour que certains établissements puissent améliorer leur insonorisation et fermer leurs portes plus tard, au-delà de 3 heures du matin.

Actuellement, les règlements sur le bruit sont semblables partout, peu importe qu’on se trouve dans un quartier résidentiel ou non. C’est ce qui devrait changer dans les prochains mois. « On va se rencontrer au milieu : profiter de sa vie nocturne ou profiter de son lit », a assuré Mme Alneus, qui y voit aussi une façon « d’apporter un soutien au milieu culturel ».

« Pas de mur-à-mur »

L’idée inquiète toutefois dans le milieu commercial. Plusieurs questions des citoyens ont d’ailleurs porté sur les bars et des salles de spectacles qui sont aux prises avec des plaintes de résidants en raison du bruit qu’ils génèrent, ce qui menace leur survie. Mme Alneus a soutenu à ce sujet que le but est justement d’aller vers un règlement du bruit « plus flexible, plus adapté et plus ciblé ».

« Ce ne sera pas un projet où on va faire du mur-à-mur », a de son côté fait valoir la directrice du Service de la culture, Valérie Beaulieu. « On ne veut pas que ce soit une politique de la vie nocturne du centre-ville, mais de l’ensemble des arrondissements qui ont tous des réalités différentes », a-t-elle insisté.

La Ville dit constater, en vertu des projets pilotes qui se sont notamment tenus à la Société des arts technologiques (SAT) en 2022, que le bruit n’augmente pas au-delà d’un commerce après 3 heures. « Le constat qu’on fait, c’est que le niveau sonore reste élevé, mais seulement à proximité de l’établissement. C’est un plus par rapport à une fermeture à 3 heures où les gens vont peut-être s’arrêter dans un parc à proximité », a soutenu le commissaire au développement économique, Thomas Peltier.

« Une zone de vitalité nocturne, ça peut aussi être un lieu défini comme tel, surtout s’il a une capacité d’accueil importante », a poursuivi M. Peltier, en nommant par exemple le MTelus, autrefois le Métropolis, qui compte plus de 2000 places.

Avec Isabelle Ducas, La Presse