Le métro de Paris n’interrompra plus son service quand un passager subit un malaise à bord d’un wagon, afin de minimiser les arrêts de service. La Société de transport de Montréal (STM) juge cette approche « intéressante » et envisage aussi certains ajustements.

Mercredi, le quotidien français Le Monde a révélé que le métro parisien « ne s’arrêtera plus pour des malaises de voyageurs, qui seront désormais pris en charge sur le quai ». Une exception demeure toutefois : s’il est risqué de déplacer la personne, celle-ci demeurera en position sûre, quitte à demeurer dans le wagon.

Lisez l’article du Monde « Le métro parisien ne s’arrêtera plus pour des malaises de voyageurs, qui seront désormais pris en charge sur le quai »

« Sur les malaises voyageurs, nous avons une doctrine qui est absurde, qui n’est pas celle de Londres, pas celle de Tokyo », a expliqué la présidente de l’autorité des transports Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, d’après des propos qui ont été rapportés par le journal.

Jusqu’ici, quand un individu s’évanouissait dans le métro de Paris, on le mettait en position latérale de sécurité (PLS) et le service était arrêté en attendant l’arrivée des premiers répondants.

Désormais, le métro ne sera plus arrêté, la personne sera évacuée sur un quai et accompagnée par un employé dans l’intervalle.

Dans la capitale parisienne, le Service d’aide médicale urgente (SAMU) ainsi que les sapeurs-pompiers ont favorablement accueilli ce changement réglementaire, mais certains conducteurs de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) – l’équivalent de la STM – s’en sont inquiétés.

Le contexte montréalais

« Notre équipe trouve l’approche intéressante. Dans un souci de toujours nous améliorer, nous allons évaluer, en collaboration avec nos partenaires des services d’urgence, ce qui peut être fait ou adapté à Montréal », a réagi par courriel la porte-parole de la STM, Amélie Régis, en réponse à nos questions sur la nouvelle.

À Montréal, le protocole de la STM indique que quand une personne est malade ou blessée dans un train et qu’elle est consciente, elle est incitée « à se diriger sur le quai où elle est accompagnée d’un employé en attendant les secours ; le service peut alors reprendre presque immédiatement », précise Amélie Régis.

Si la personne est inconsciente, toutefois, « il […] est demandé de ne pas la bouger et d’attendre les secours afin qu’elle soit prise en charge », ajoute-t-elle.

Bref, une situation avec une personne inconsciente peut alors causer une longue interruption de service, surtout si l’arrivée des ambulanciers se fait attendre ou que la prise en charge de l’usager est plus complexe pour diverses raisons.

Mais tout cela pourrait bientôt changer, la STM souhaitant s’inspirer de Paris et examiner si « des changements peuvent être apportés pour que ça soit plus rapide ».

Chez exo, qui gère le réseau des trains de banlieue et des autobus sur les couronnes de Montréal, on privilégie déjà la prise en charge sur le quai des usagers ayant un malaise, « si la situation le permet ». « Lors d’un malaise dans un train en mouvement, notre procédure exige que le train se rende à la prochaine gare pour faciliter la prise en charge par les services d’urgence. Le personnel de train reste avec l’usager jusqu’à l’arrivée des services d’urgence », explique le porte-parole d’exo, Jean-Maxime St-Hilaire, à ce sujet.

Il précise que les services d’urgence évaluent alors « si l’intervention nécessite d’être faite à bord du train ou si le passager peut être déplacé à l’extérieur du train sans aggraver son état ». Si un inspecteur se trouve à la gare à l’arrivée du train, l’équipe peut alors lui transférer la responsabilité de l’individu ayant un malaise, en attendant l’arrivée des premiers services d’urgence.

Ultimement, la personne ayant un malaise « est déplacée sur le quai seulement si le déplacement hors du train n’a pas le potentiel d’aggraver son état », affirme M. St-Hilaire. L’objectif, dit-il, « est de réduire au maximum les délais et les retards occasionnés par des évènements à bord [des] trains dans les limites prévues de la réglementation ferroviaire ».

« La sécurité doit primer »

Chez Trajectoire Québec, un organisme qui représente les intérêts des usagers du transport collectif, la directrice générale Sarah V. Doyon affirme aussi que l’idée est « pertinente à étudier » à Montréal.

« Je pense que ça vaut la peine. Après ça, on verra aussi comment ça se passe à Paris. On peut se servir d’eux comme exemple et voir si ça en vaut les efforts. C’est important, la fiabilité de nos réseaux, mais la sécurité doit primer. On doit toujours s’assurer que cette mesure-là conserve le même niveau de sécurité pour tout le monde », rappelle Mme Doyon.

Mme Doyon souligne toutefois que la plupart des pannes dans le métro sont davantage dues à « des usagers qui échappent quelque chose sur la voie ». « Juste sur les malaises, je me demande combien d’arrêts de service on éviterait par année si on changeait ce protocole-là », évoque-t-elle.

Tout cela survient alors que la semaine dernière, La Presse a révélé que c’est dans le métro de Montréal que l’on compte le plus grand nombre d’interruptions de service causées par la clientèle dans le monde entier, d’après des données internationales. Celles-ci mettent de nouveau en relief l’importance d’un futur système de portes palières, qui est toujours sur la glace.

En savoir plus
  • 52 %
    Proportion des pannes du métro montréalais qui sont dues à des passagers ou à des employés. La moyenne des 45 métros du groupe COMET, situés dans 41 villes, est de 27 %. En Europe et en Amérique du Nord, ce chiffre est de 40 %.
    source : SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL