En plus de mettre les jeunes en garde contre les ruses des développeurs d’applications mobiles, il faut combler leurs manques pour que les jeux vidéo n’avalent pas leur vie.

Le manque d’autorégulation

« Les concepteurs de jeux ont très bien compris que les jeunes préfèrent obtenir beaucoup de résultats en exerçant peu d’efforts », prévient Marie-Josée Michaud, spécialiste clinique au centre de traitement pour adolescents Le Grand chemin, à Québec. « Ils se sont donc arrangés pour qu’ouvrir leurs jeux procure beaucoup de plaisir à faible coût. » C’est en général plus facile et générateur de dopamine que de jouer dehors, dit-elle. Avant de devenir assez matures, les enfants ont besoin de balises extérieures.

Le manque d’adrénaline

« On évolue dans un environnement de plus en plus sécurisé, où tout est réglementé, le port du casque, les jeux au parc, souligne Mme Michaud. L’être humain a pourtant besoin de prendre des risques, il a besoin d’une dose de dopamine, d’adrénaline et de sérotonine pour se sentir bien. » Un enfant doit développer plusieurs sources de plaisir et des liens d’attachement réels pour ne pas obtenir ce bien-être seulement dans les jeux vidéo.

Le manque de valorisation

Les enfants s’intéressent aux mêmes choses et parlent donc des jeux en ligne dans la cour d’école, affirme Mme Michaud. « Pouvoir dire : ‟mon avatar a gagné” et se faire répondre ‟c’est malade !”, ça procure un gros ‟boost”, une validation sociale qui vaut cher. » Les jeunes qui réussissent moins en classe ou en amitié risquent davantage de se replier sur cet univers.

Le manque de dialogue

« Les adolescents développent leur esprit critique. Mais si on ne parle que des risques et si on les juge, on les perd », prévient Mme Michaud. Elle conseille plutôt de s’intéresser réellement à leurs jeux. De comprendre qu’ils leur procurent beaucoup de plaisir. Et de demander aux jeunes de diversifier leurs activités, pour leur santé, au lieu de tout interdire. « Communiquer, garder un lien de confiance, c’est ce qui nous sert le plus. On se trouve parfois à 15 minutes du bonheur, tellement ils peuvent se montrer raisonnables. »

Consultez la Liste de surveillance sur les enfants et les jeux d’argent du Conseil australien pour les enfants et les médias (en anglais)