Les efforts fournis par le SPVM, notamment par les enquêteurs de la Division du crime organisé, ont permis d’arrêter l’hémorragie des décharges d’armes à feu à Montréal en 2022, et même de les faire fléchir légèrement.

Selon une compilation de La Presse et des chiffres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), 182 décharges d’armes à feu – meurtres, tentatives de meurtre et coups de feu sans victime confondus – sont survenues dans la métropole en 2022 – au 21 décembre – comparativement à 206 pour toute l’année 2021, soit une diminution d’environ 12 %.

Le nombre de 182 est toutefois partiel, car il ne comprend que les évènements de coups de feu de décembre qui ont été médiatisés.

Les décharges d’armes à feu ne cessaient d’augmenter depuis la fin de 2019 dans la métropole.

Selon l’Équipe nationale de soutien à l’application de la Loi sur les armes à feu (ENSALA), chapeautée par la Gendarmerie royale du Canada, 646 balles avaient été tirées à Montréal entre le 1er janvier et la mi-septembre 2022. À 27 occasions durant cette période, dix coups de feu et plus (décharge à haute intensité) ont été tirés lors d’un même évènement.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Un adolescent a été blessé par balles dans le Plateau Mont-Royal, en janvier dernier.

La palme revient à trois évènements survenus à quelques heures d’intervalle les 10 et 11 août, au cours desquels 100 douilles ont été percutées, selon les statistiques d’ENSALA.

« Quatre-vingts balles, c’est la possibilité d’avoir 80 morts », affirme le commandant Francis Renaud de la Division du crime organisé du SPVM, en faisant référence à deux de ces évènements.

La clé : les arrestations

En 2022, ses enquêteurs de la section Antigang, des escouades Stupéfiants et des Équipes multisectorielles dédiées aux armes à feu (EMAF) ont saisi environ 130 armes à feu – des armes de poing, pour la plupart, et quelques armes automatiques –, dont 35 dans la région Ouest seulement.

Ils ont également arrêté plusieurs individus, dont les auteurs présumés de l’une des fusillades au cours desquelles 100 coups de feu ont été tirés, quand une femme sans histoire a été blessée, en août.

Lorsqu’on les a arrêtés, on a vu qu’il y a eu une baisse. Le mois d’août a été beaucoup plus tranquille dans le Nord-Est à partir de ce moment-là.

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

« On a saisi des armes à feu, oui, mais ce ne sont pas les armes à feu qu’on a trouvées qui font en sorte que les fusillades baissent, c’est l’arrestation des individus. Le fait qu’on les enlève de la rue, ça fait jaser dans le milieu et il faut qu’il y ait une réponse à ces fusillades », explique Francis Renaud.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les commandants Simon-Luc Tanguay et Francis Renaud, du SPVM

« On est allés à une conférence à Toronto et c’est la même chose là-bas. Ils ont réalisé qu’une fois que les auteurs des fusillades sont en prison, ça diminue toutes les statistiques. Ce sont les arrestations qui vont dicter si ça va continuer ou s’arrêter », renchérit le commandant Simon-Luc Tanguay, patron des EMAF et des escouades Stupéfiants du Sud-Ouest.

Une bonne année

Par ailleurs, les enquêteurs des sections Antigang ont saisi plus de 150 kg de cocaïne, dont 80 dans le cadre d’une même enquête baptisée Auxo.

Toutes les enquêtes principales de cette année avaient un dénominateur commun : « Ce sur quoi on a braqué nos projecteurs, c’est un corridor d’approvisionnement Montréal-Toronto », dit le commandant Renaud. Le kilogramme, qui se négocie actuellement à seulement 27 000 $ selon lui, démontre, dans un jeu d’offre et de demande, que « l’offre est grande ».

Au cours de l’année, les enquêteurs de l’Antigang ont également saisi plus de 7 millions de comprimés de méthamphétamine, 500 kg de méthamphétamine en vrac et plusieurs kilogrammes de crystal meth. Ce qui fait dire au commandant Francis Renaud que ses enquêteurs, qui sont selon lui aguerris aux mœurs de la rue (streetwise), ont eu « toute une année ».

Surdoses en baisse

Une autre des priorités de 2022, plus particulièrement des enquêteurs des sections Stupéfiants, a été la lutte contre les opioïdes et, par le fait même, contre les surdoses.

Selon des chiffres du SPVM, au 17 décembre, on dénombrait 388 dossiers de surdoses comparativement à 468 pour toute l’année 2021, une baisse de 17 %.

Au 17 décembre, il y avait eu 68 décès sur ces 388 surdoses et 91 décès sur 468 en 2021.

Ces données représentent toutefois seulement les cas qui sont rapportés aux policiers.

« Les surdoses sont toujours à la une. Au Québec, on fait relativement belle figure si on se compare à la Colombie-Britannique et à l’Ontario, mais il ne faut pas négliger ça. Au niveau de la rue, on s’attaque au fentanyl et à l’étonitazène en priorité », assure le commandant Tanguay.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.