Un Montréalais qui a rendu enceinte sa fille adulte atteinte d’un retard intellectuel a été condamné à 18 mois de prison, malgré de nombreux facteurs aggravants et la quasi-absence de facteurs atténuants. Le juge a épargné une lourde peine de prison à l’accusé pour qu’il ne perde pas son appartement.

« Le Tribunal estime qu’il doit tenir compte des préoccupations de Monsieur qu’une peine d’incarcération de trop longue durée lui fasse perdre son appartement et le renvoie dans l’itinérance, lui qui est déjà passé par là et qui s’en est sorti », a conclu vendredi le juge André Perreault au palais de justice de Montréal.

À la sortie de l’audience, le procureur de la Couronne Me Jérôme Laflamme – qui réclamait quatre ans d’emprisonnement – a dit évaluer la possibilité de porter le jugement en appel.

Pourtant, rien ne militait en faveur de l’homme de 52 ans, outre son risque de récidive « sous la moyenne ». La liste des facteurs aggravants était toutefois très longue : vulnérabilité de la victime, abus de confiance, mauvais traitement, longue durée des gestes et, particulièrement, le fait d’avoir mis enceinte la victime.

Le père et sa fille, âgée dans la vingtaine, ont eu une cinquantaine de relations sexuelles pendant 10 mois en 2015 et 2016. Le père avait perdu la garde de sa fille dès son jeune âge, mais avait récemment renoué avec elle, alors qu’elle fréquentait les refuges pour femmes itinérantes. C’est donc dans son « rôle parental » qu’il l’hébergeait.

Menaces

Dans une formulation alambiquée, le juge André Perreault soutient qu’il s’agit d’un cas « d’inceste qui n’était pas non consensuel ». Pourtant, dans son jugement sur culpabilité, en août dernier, le juge disait que la victime s’était sentie obligée d’obtempérer, alors qu’elle craignait d’être frappée ou tuée par son père.

Par ailleurs, le juge André Perreault n’a même pas mentionné dans son jugement les menaces du père à sa fille vulnérable. En effet, le père l’aurait menacée de jeter ses restes aux ordures et lui aurait dit qu’il la livrerait à 11 hommes pour qu’elle soit violée.

L’entourage a découvert leur relation incestueuse une fois que la victime, enceinte de son père, a subi une interruption de grossesse. Au procès, le père est allé jusqu’à jeter le blâme sur son fils pour justifier la présence de son ADN dans l’embryon de sa fille. Il s’est également posé en victime de sa fille, qu’il décrivait comme une « sociopathe ». Il avait aussi dénoncé le « dogme de l’inceste ».

L’accusé s’est défendu seul, mais MStephen Angers agissait à titre d’ami de la cour pour l’assister pendant le procès.