Au total, 175 policiers, dont les membres de cinq groupes tactiques d’intervention, neuf perquisitions effectuées dans quatre arrondissements de l’est et du nord de Montréal, huit arrestations ; le SPVM vient de porter un dur coup à un gang de rue soupçonné d’être impliqué dans plusieurs évènements violents commis ces derniers mois à Montréal, dont le meurtre d’un jeune homme de 18 ans survenu en mars.

« On est là et on va continuer à l’être. La violence armée, c’est la priorité numéro 1 du service », affirme Jean-Sébastien Caron, commandant des Crimes majeurs du SPVM.

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Jean-Sébastien Caron, commandant des Crimes majeurs du SPVM

Ses enquêteurs, aidés par des collègues d’autres sections, des patrouilleurs, et les membres de groupes tactiques d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec et du Service de police de l’Agglomération de Longueuil, ont arrêté d’un coup huit membres du gang de rue Block 6 (Anjou) tous soupçonnés d’avoir été impliqués « de près ou de loin » selon le commandant Caron dans le meurtre d’un membre du gang adverse des STL (Saint-Léonard), Khaled Mouloudj, le 19 mars.

Ce dernier, sortait de chez lui, sur l’avenue des Hérissons dans l’arrondissement d’Anjou vers 22 h, lorsqu’il a été criblé de projectiles d’arme à feu tirés à partir d’un véhicule en mouvement, un crime « préparé » dit M. Caron.

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Khaled Mouloudj, qui se trouvait sur le trottoir, avait été atteint par des tirs effectués à partir d’un véhicule en marche, peu avant 22 h, sur l’avenue des Hérissons. Le véhicule du ou des suspects a ensuite rapidement pris la fuite.

Des éléments pertinents

Au cours des perquisitions effectuées chez les suspects dans les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville, de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et d'Anjou, les limiers ont mis la main sur une preuve vestimentaire « pertinente », du matériel servant à voler des véhicules et d’autres éléments de preuve qui n’ont pas été révélés.

« Il va y avoir une enquête parallèle [à propos] des vols de véhicules », a indiqué M. Caron, plus tôt lors d’une conférence de presse.

En fin d’après-midi mercredi, les huit suspects, âgés principalement de 18, 19 et 20 ans, étaient toujours interrogés par les enquêteurs, mais la police a l’intention de les relâcher en attendant la suite de l’enquête.

« Le but d’aujourd’hui n’était pas de porter des accusations, mais c’est une étape dans notre stratégie d’enquête. Cela fait un mois que l’on travaille d’arrache-pied pour récupérer des éléments de preuve supplémentaires pour continuer à bonifier la preuve au dossier », explique le commandant Caron.

La spectaculaire opération a été dictée avant tout par l’enquête de meurtre, mais M. Caron est conscient qu’elle arrive au bon moment, alors que les policiers appréhendent une recrudescence de la violence armée à Montréal à l’approche de l’été.

« La journée d’aujourd’hui n’a pas été choisie pour envoyer un message. Elle a été choisie parce qu’on était rendus là dans notre enquête. Mais oui, l’opération envoie le message aux Montréalais et aux gangs que nous sommes présents », affirme l’officier.

D’amis à ennemis

Les STL et les Block 6, qui auraient déjà été en paix, seraient impliqués dans plusieurs évènements violents survenus dans la métropole en 2022 et 2023.

Ce conflit pourrait même se profiler derrière la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montrant deux adolescents montréalais de 16 ans torturés à Toronto en janvier dernier dans un contexte, selon des sources, de conflit relié aux vols de véhicules.

« Ces gangs sont assurément impliqués dans les vols de véhicules entre Toronto et Montréal », affirme M. Caron.

Le 5 avril dernier, les enquêteurs de l’Équipe multidisciplinaire dédiée aux armes à feu (ÉMAF) de la région nord-est, qui relèvent de la Division du crime organisé du SPVM, ont arrêté trois membres des STL qui auraient eu l’intention de venger la mort de Khaled Mouloudj. Les enquêteurs, qui ont par le fait même saisi un pistolet et plusieurs chargeurs à haute capacité, ont peut-être permis d’éviter le pire.

Lisez « Trois membres de gangs de Saint-Léonard arrêtés »

Selon nos informations, une vidéo écorchant les Block 6 et soulignant la mort de certains membres de gang assassinés aurait été diffusée sur les réseaux sociaux peu avant le meurtre de Khaled Mouloudj.

« Khaled et ses gars ont diffusé un clip où ils manquent de respect à tout le secteur d’Anjou et à plusieurs morts de ce conflit », avait alors confié une source criminelle à La Presse. La diffusion de ce morceau a engendré diverses provocations et incitations à la violence provenant de comptes anonymes sur les réseaux sociaux.

« C’est un conflit qui perdure depuis longtemps et qui est entretenu sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui a déclenché ça ? C’est difficile à dire. C’est l’ensemble des évènements des dernières années et les gens que nous avons arrêtés mercredi sont impliqués dans plusieurs évènements d’armes à feu survenus à Montréal dans les derniers mois », conclut le commandant Jean-Sébastien Caron.

« Cette opération est une très bonne nouvelle », a dit à La Presse un résidant de l’arrondissement d’Anjou qui a requis l’anonymat et qui habite depuis une quinzaine d’années près de l’endroit où le jeune Mouloudj a été tué.

Avec Mayssa Ferah, La Presse

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