Un détective qui a interrogé un homme accusé d’avoir assassiné quatre membres d’une famille musulmane, en Ontario, a déclaré, mardi à un jury, qu’il ne pensait pas qu’il y avait un problème de santé mentale chez l’accusé lorsqu’il l’a questionné après l’attaque.

Nathaniel Veltman, qui a plaidé non coupable, est accusé de quatre chefs de meurtre au premier degré et d’un chef de tentative de meurtre pour avoir délibérément frappé cinq membres de la famille Afzaal avec son camion, alors qu’ils se promenaient à pied dans la ville de London, en Ontario.

Les procureurs ont allégué que les actions de M. Veltman, survenues en juin 2021, constituent un acte de terrorisme.

Le détective Micah Bourdeau a longuement interrogé M. Veltman après son arrestation, et les jurés ont regardé des vidéos de leurs discussions.

Mardi, l’avocat de la défense de M. Veltman a demandé au détective s’il était préoccupé par l’état mental de l’accusé, après que M. Veltman eut déclaré qu’il s’était senti déprimé dans le passé et qu’il avait ingéré des champignons magiques un jour avant l’attaque.

L’avocat, Christopher Hicks, a questionné le détective à savoir si les commentaires de M. Veltman indiquaient qu’il pourrait y avoir un problème en ce qui concerne la santé mentale de l’accusé.

« Je ne l’ai pas interprété de cette façon, a déclaré M. Bourdeau. Parce que certains de ces commentaires appartiennent au passé. Certains appartiennent à un passé plus lointain, et tous ne font pas référence à ce qu’il ressentait à ce moment-là. »

Une autre vidéo a montré M. Veltman disant qu’il avait été « secoué » après l’attaque, et son avocat a demandé au détective, mardi, si ce commentaire l’inquiétait.

M. Bourdeau a affirmé qu’il aurait été plus inquiet si l’accusé avait dit qu’il n’était pas secoué.

Les jurés ont également vu une vidéo de M. Veltman disant au détective qu’il se sentait soulagé après avoir perpétré l’attaque, qui, selon lui, était motivée par les convictions nationalistes blanches.

Lundi, M. Hicks avait suggéré dans des questions à M. Bourdeau que la police avait délibérément mis M. Veltman « mal à l’aise » avant son interrogatoire en le plaçant dans une cellule de détention froide avec un lit en ciment et sans couvertures ni nourriture ni boisson, pendant des heures. M. Hicks a également demandé au détective s’il était nécessaire d’interroger l’accusé après minuit, quelques heures après l’attaque.

M. Bourdeau a indiqué que l’équipe d’enquête pensait qu’il était nécessaire de parler avec M. Veltman peu de temps après l’attaque pour comprendre la nature de ce qui s’était passé.

« Notre ville n’avait jamais vu quelque chose de pareil auparavant. J’oserais dire que nous ne savions pas exactement à quoi nous avions affaire, a affirmé M. Bourdeau. Nous ne savions pas s’il y avait d’autres dangers pour le public, et moi-même ainsi que l’équipe d’enquête avons estimé qu’il était impératif de le découvrir le plus tôt possible. »

Les jurés ont vu une vidéo du détective offrant à M. Veltman de la nourriture, des boissons et une couverture à plusieurs reprises au cours de leur discussion, le détective apportant de l’eau et une couverture à M. Veltman pendant l’entretien.

Pas le procès de la police

Mardi matin, la juge de la Cour supérieure, Renee Pomerance, a expliqué aux jurés qu’ils ne devraient pas trancher l’affaire sur la base de la sympathie ou des préjugés.

« Hier, lors des interrogatoires, des suggestions ont été faites au détective Bourdeau quant à savoir si la conduite de la police était juste ou équitable, a-t-elle déclaré. La question dans cette affaire n’est pas de savoir si la conduite de la police était juste ou équitable, la question dans cette affaire est de savoir dans quelle mesure les conditions de détention de M. Veltman auraient pu affecter son état d’esprit et/ou la fiabilité des propos qu’il a tenus. »

Salman Afzaal, 46 ans, son épouse Madiha Salman, 44 ans, leur fille Yumna, 15 ans, et sa grand-mère de 74 ans, Talat Afzaal, ont été tués dans l’attaque. Le fils du couple, âgé de neuf ans, a également été grièvement blessé, mais il a survécu.

Les jurés du procès ont vu la semaine dernière une vidéo de M. Veltman disant à la police que son attaque était politiquement motivée et « était du terrorisme ».

M. Veltman a déclaré à la police qu’il était contre les musulmans parce qu’il ne croyait pas au multiculturalisme, qu’il était contre l’immigration de masse et qu’il ne croyait pas que les cultures pouvaient coexister.

Le tribunal a également entendu M. Veltman dire à la police qu’il avait hésité avant de commettre son attaque, mais qu’il avait décidé d’en « finir », dans l’espoir d’inspirer d’autres jeunes hommes blancs.

Un exposé conjoint des faits présenté au jury indique que M. Veltman conduisait son camion vers le nord sur Hyde Park Road, à London, lorsqu’il a vu la famille Afzaal. Il a alors fait demi-tour pour se diriger vers le sud en leur direction. Deux femmes de la famille Afzaal portaient des vêtements traditionnels pakistanais au moment de l’attaque.

M. Veltman a accéléré lorsqu’il s’approchait de la famille, et les données de son camion montrent qu’il s’est dirigé vers la droite, dans le but de heurter la famille, cinq secondes seulement avant de les frapper, selon le document.

Le procès a appris que M. Veltman a ensuite conduit son camion lourdement endommagé dans un stationnement presque vide d’un centre commercial, quelques minutes après l’attaque, et a demandé à un chauffeur de taxi à proximité d’appeler le 911, affirmant qu’il avait intentionnellement heurté plusieurs personnes.

Le procès, qui se déroule à Windsor, en Ontario, devrait durer huit semaines.