Un criminel extrêmement violent qui promet de faire « tomber des têtes » à sa sortie de prison risque de passer le reste de ses jours en détention, puisqu’il a été condamné lundi à une peine à durée indéterminée. Franklin Minville avait sauvagement poignardé un homme qui l’avait traité de paresseux.

« Le Tribunal ne jouera pas aux dés avec la sécurité de la communauté en présence d’un danger si criant et dont les conséquences seraient catastrophiques », a tranché le juge Dennis Galiatsatos. « La violence exercée était préméditée, gratuite, sauvage et inhumaine », selon le juge.

En 2021, Franklin Minville a tout fait pour tuer la victime, un homme qui avait eu le malheur de le traiter de paresseux et de mauvais travailleur. Il l’a localisé, l’a suivi pendant 30 minutes et l’a poignardé à neuf reprises au visage, à l’abdomen et au dos. L’homme a miraculeusement survécu, alors qu’un témoin a réussi à désarmer l’assaillant.

« Une chance que vous êtes arrivés, car je voulais l’achever. […] J’aurais dû le tuer, câlisse. Quand il va sortir, je vais finir la job », a lâché le forcené de 35 ans aux patrouilleurs. À l’époque, Minville était sous le coup d’une ordonnance de surveillance de longue durée imposée pour de multiples extorsions et des menaces de mort.

Pendant son interrogatoire policier, il a répété vouloir tuer l’homme dès sa sortie de prison et regrettait d’avoir « malheureusement » manqué son coup. Il expliquait aux policiers que le respect était « plus qu’important » et riait en racontant comment il avait choisi son couteau.

La victime, un homme de 67 ans sans histoire, vit depuis un véritable cauchemar. Il souffre d’un choc post-traumatique, de crises d’anxiété, de problèmes de vision et d’équilibre. Il a perdu toutes ses économies et peine à subvenir à ses besoins. L’agression a été un « désastre total dans sa vie », résume-t-il.

À 35 ans, Franklin Minville a passé toute sa vie adulte en prison sauf une période de 18 mois. Dans le passé, il a déjà menacé de tuer sa mère, sa grand-mère, un agent de sécurité, un procureur de la Couronne, une députée, etc. À 19 ans, il avait mis le feu à la ferme familiale.

« D’autres têtes vont tomber »

Franklin Minville n’a pas changé d’un iota. En juin dernier, il a encore répété à un psychologue vouloir tuer la victime. « D’autres têtes vont tomber » s’il est libéré de prison, prévenait d’ailleurs l’accusé au psychologue. Il disait vouloir tuer certaines personnes ou même des innocents pour nourrir sa rancune. « Un élément particulièrement troublant », selon le psychologue.

Franklin Minville ne démontre aucune empathie pour ses victimes. Même devant le tribunal, il rit en évoquant sa récente tentative de meurtre et ses autres crimes.

« Ceci inspire la terreur », soutient le juge.

Sans être officiellement qualifié de psychopathe, Minville s’en rapproche, selon les experts. Son risque de récidive violente est plus élevé que 93,6 % des criminels semblables.

Franklin Minville a bien failli échapper à sa peine en raison des délais d’évaluation « catastrophiques » à l’Institut Philippe-Pinel. En effet, en décembre 2022, le juge Galiatsatos avait refusé une demande de prolongation de demande d’évaluation de la Couronne et avait sévèrement blâmé le gouvernement du Québec pour le « délaissement généralisé de la justice ».

Son coup d’éclat a visiblement fait bouger les choses à Québec, puisque les délais se sont soudainement améliorés, permettant d’évaluer Minville au printemps 2023.

MPatrick Lafrenière a représenté le ministère public, alors que MCynthia Chénier a défendu l’accusé.