Un pédophile qui sévit depuis 50 ans s’est moqué de ses strictes conditions de surveillance en utilisant un ordinateur pendant sept ans pour consulter de la pornographie. Le multirécidiviste François Daragon s’est fait pincer à produire de la pornographie juvénile et risque une importante peine de prison.

Un père cherche son fils de 10 ans. Mais où est-il passé ? En panique, le père découvre avec stupeur que le garçon regarde un film pornographique avec une fillette chez un voisin, un prédateur sexuel qui n’a pas le droit d’être avec des enfants. C’était en 2006.

Pour ce crime et des gestes sexuels commis à l’égard de sept enfants, François Daragon avait été condamné à huit ans de pénitencier. Déclaré délinquant à contrôler, il avait été soumis à une ordonnance de surveillance de longue durée de 10 ans. Celle-ci devait se terminer en avril 2023.

Mais deux mois avant l’échéance de l’ordonnance, l’homme de 75 ans s’est fait prendre la main dans le sac. Accusé au printemps dernier, il a plaidé coupable fin novembre au palais de justice de Montréal à des chefs de possession et de production de pornographie juvénile.

Risque de récidive élevé

C’est sa relation avec une délinquante en maison de transition qui a causé sa perte. Son agente de libération conditionnelle lui avait demandé d’éviter les contacts avec cette femme. Or, il lui a envoyé des photos « coquines » de lui-même portant des vêtements féminins. Il était évident que les photos avaient été modifiées par ordinateur, alors qu’il lui était interdit d’en utiliser un.

François Daragon a alors admis utiliser un ordinateur depuis sept ans pour consommer de la pornographie. Il prétend toutefois n’avoir pas « trouvé ce qu’il souhaitait » en matière de pornographie juvénile. Ainsi, il en a produit en modifiant avec un logiciel des photos d’enfants habillés sur l’internet afin de les rendre « sexuellement excitantes en ajoutant les organes sexuels ». Il détenait 42 fichiers de pédopornographie juvénile.

Le profil de François Daragon a de quoi susciter l’inquiétude. En 2006, il a reçu la cote la plus élevée en termes de risque de récidive de délits sexuels. Une évaluation sexologique a fait état de ses intérêts sexuels déviants envers les jeunes enfants.

Dès 1972, François Daragon a été arrêté pour actions indécentes. Dans les années 90, il a été condamné à de multiples reprises pour exhibitionnisme devant des enfants, pour incitation à des contacts sexuels et pour attentat à la pudeur.

« Il existerait, selon vous, un nombre de victimes beaucoup plus élevé que celui relevé officiellement », indique la Commission des libérations conditionnelles du Canada dans une décision rendue en 2020.

Les observations sur la peine sont prévues en février prochain.

MSylvie Bordelais défend l’accusé, alors que MKahina Rougeau Daoud représente le ministère public.