Isabelle* était littéralement traitée comme une chienne par son bourreau. Elle était forcée de japper, de boire à la gamelle à quatre pattes, de porter une laisse. Une esclave brûlée, agressée et battue. Véritable tortionnaire, Patrick Jacob a fait vivre un enfer indicible à deux femmes. Des histoires de violence extrême. Parmi les pires de l’histoire récente.

« Si je te demande de faire quelque chose, tu le fais », crache Patrick Jacob à sa copine.

La femme vient de lui tenir tête. Elle refuse de japper pendant une relation sexuelle. Patrick Jacob insiste. Et insiste encore. Isabelle crie « ketchup », leur mot de sécurité (safeword). Rien n’y fait. Patrick Jacob l’étrangle avec ses deux mains. Au point de lui faire perdre connaissance. À son réveil, elle respire à peine. « J’aurais pu te tuer », lui lance-t-il.

L’homme de 40 ans a plaidé coupable mercredi au palais de justice de Montréal à plusieurs chefs d’accusation, dont ceux d’agression sexuelle causant des blessures, d’agression sexuelle en étranglant la victime et d’avoir administré une drogue à la victime. L’été dernier, il avait aussi reconnu sa culpabilité dans une odieuse histoire de violence contre une autre femme.

Les faits dans cette affaire sont extrêmement troublants.

Patrick Jacob a fait vivre l’enfer à Isabelle pendant plusieurs mois. Leurs pratiques sexuelles de type « BDSM », d’abord consensuelles, ont vite viré à de l’esclavage sexuel pur et simple. Les refus répétés d’Isabelle sont ignorés par Jacob, de plus en plus violent avec elle. Il l’agresse sexuellement à de nombreuses occasions.

Patrick Jacob déshumanise totalement sa victime. Il la décrit comme son « esclave », sa « chienne » et sa « soumise ». Il la brûle régulièrement avec une pipe à crack pendant des agressions sexuelles et lui demande de le supplier. « Comme ça, tu vas être à moi. Tu vas être ma chienne à moi », dit-il en la brûlant.

Chaque jour, au retour du travail, Patrick Jacob enfile un collier étrangleur pour chiens (choker) autour du cou d’Isabelle. Il l’oblige ensuite à marcher à quatre pattes dans l’appartement. Il lui donne aussi des coups de pied pour la faire avancer avec des bottes à embout d’acier. Isabelle est obligée de boire au sol comme un animal.

« Elle se sentait comme un objet sexuel et était déshumanisée », résume la procureure de la Couronne, MJessica Drolet, en exposant les faits.

Le calvaire d’Isabelle se poursuit. Patrick Jacob tente de vendre les services sexuels de sa victime et la force à prendre des photos dans des positions humiliantes. Ces tentatives n’ont toutefois pas abouti. À une occasion, Jacob propose de vendre une photo d’Isabelle à un homme en échange d’un trio dans un restaurant McDonald’s.

Une fois, Patrick Jacob ordonne à Isabelle de consommer une ligne de speed. « Sniffe », crie-t-il. Isabelle refuse. Jacob prend alors la tête de la femme et la met de force dans la drogue, sur la table.

Patrick Jacob frappait régulièrement Isabelle pendant les agressions sexuelles. À une reprise, il lui a asséné un coup de poing si violent au visage qu’elle souffre encore d’une douleur aiguë aujourd’hui.

Très isolée et sous l’emprise de son bourreau, Isabelle a finalement réussi à se réfugier dans un centre d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale grâce à l’aide d’une amie qui lui a payé un billet d’autobus. Quand elle était au centre, Patrick Jacob a continué à lui envoyer des photos à caractère sexuel.

Le juge Alexandre Dalmau a ordonné mercredi de mettre à jour les rapports produits dans un autre dossier. Patrick Jacob a en effet plaidé coupable à de graves accusations l’été dernier pour un autre cas de violence extrême à l’égard d’une femme, sur qui il avait une forte emprise psychologique.

« Je lui disais : “Lâche-moi. Je saigne.” »

Geneviève* a vécu un véritable calvaire aux mains de Patrick Jacob. Comme Isabelle, elle a été agressée sexuellement à de nombreuses reprises. Certaines agressions étaient extrêmement dénigrantes.

« Je lui disais que je souffrais. Je lui disais : “Lâche-moi. Je saigne. J’ai mal.” Mais il n’avait pas de limite. Il s’en foutait. Il voulait avoir du sexe. J’étais son objet pour venir », a témoigné Geneviève à l’enquête préliminaire.

Une fois, il l’étouffe avec un oreiller alors qu’elle sanglote. À d’autres occasions, il la livre en pâture à des détraqués qui l’agressent sexuellement. Des épisodes extrêmement dégradants. Une fois, Jacob l’amène dans une garderie, lui met une taie d’oreiller sur la tête et un inconnu se met à la frapper comme pour « attendrir une viande ». Geneviève croit mourir.

Plusieurs fois, Geneviève a tenté de se soustraire à son emprise. Mais quand elle crie pour demander de l’aide, Patrick Jacob lui met des doigts dans la bouche et la pousse sur le lit. « Shut up. You’re a crazy bitch », crache-t-il à la victime.

« L’accusé n’a jamais de remords ni de compassion à son égard », indique le résumé des faits d’une vingtaine de pages.

Un jour, Geneviève contacte SOS violence conjugale. Un appel salvateur. Elle prend alors 130 $ qu’elle avait cachés dans une chaussette et prend la fuite. Le taxi lui coûte exactement 127 $. C’est le début de la fin de son cauchemar.

En cavale pendant six mois, Patrick Jacob a finalement été arrêté en juillet 2021. Il est détenu depuis.

Les observations sur la peine auront lieu le printemps prochain.

Besoin d’aide ?

Si vous êtes victime de violence conjugale et cherchez aide et répit, contactez SOS violence conjugale au 1 800 363-9010. Des intervenants y sont disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Trouvez une maison d’hébergement pour femmes Consultez le site des CALACS (centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel)

* Prénoms fictifs pour protéger l’identité des victimes