Éclaboussé par des allégations concernant des agressions sexuelles qu’il aurait commises sur une victime de 17 ans, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix annonce qu’il se retire « provisoirement » de ses activités « jusqu’à ce que la situation soit clarifiée ».

« Il nie catégoriquement les allégations qui le visent depuis hier, qu’il juge sans fondement », écrit le diocèse de Québec dans un communiqué publié vendredi sur son site internet.

Jeudi, le nom du cardinal Gérald Cyprien Lacroix, primat de l’Église catholique du Canada, a été ajouté dans des documents judiciaires qui font la liste de présumées agressions sexuelles, dans le cadre d’une importante action collective.

Le document déposé en cour précise que les agressions alléguées auraient été commises en 1987 et en 1988, à Québec. Ces allégations d’attouchements n’ont toutefois pas subi l’épreuve des tribunaux pour le moment.

Le diocèse de Québec a dit comprendre le choix du cardinal de se retirer, une décision « qu’elle accueille avec tristesse », ajoutant que ses collaborateurs prendront « le relais des tâches liées à la mission diocésaine ».

Le cardinal devrait s’adresser aux diocésains de Québec « dans les prochains jours » et son message sera ensuite relayé aux médias, indique le diocèse.

« Les autorités diocésaines continueront d’avancer dans le processus de l’action collective, dans le respect de la vérité et avec le souci d’offrir une réparation aux survivants et survivantes d’abus sexuels », explique-t-on également.

D’autres membres du clergé visés

En entrevue, jeudi, l’avocat pilotant l’action collective en question, Alain Arsenault, avait rappelé que l’identité de sa cliente à l’origine de ces allégations était protégée.

« Ses parents étaient des personnes très croyantes. Les évènements se sont produits lors de rencontres bibliques que M. Lacroix animait. Il l’a amenée dans un autre local et lui aurait dit de ne pas en parler à sa mère, car ça la tuerait. Elle a attendu la mort de sa mère avant de nous contacter », avait expliqué le juriste.

MArsenault précisait également que le cardinal Lacroix serait convoqué à un interrogatoire préalable qui devrait avoir lieu cette année.

L’action collective menée par le cabinet Arsenault Dufresne Wee compte désormais 147 membres qui ont jusqu’à maintenant dénoncé de présumées agressions par plus d’une centaine de prêtres ou membres du personnel du diocèse de Québec. Les agressions sexuelles auraient été commises entre 1942 et 2018.

Outre le cardinal Lacroix, plusieurs autres membres du haut clergé sont visés. L’une des demanderesses, Paméla Groleau, dit par exemple avoir subi des attouchements faits par le cardinal Marc Ouellet, prédécesseur du cardinal Lacroix à l’archevêché de Québec. Ce dernier a nié en bloc.

Les avocats ont aussi ajouté jeudi d’autres défendeurs, en plus de l’archevêché de Québec, soit le Séminaire de Québec, l’Œuvre du Grand Séminaire, le Collège François-de-Laval ainsi que l’Assurance mutuelle des fabriques de Québec.

Avec la collaboration de Gabriel Béland, La Presse