Il avait 30 ans, mais prétendait en avoir 16. C’est par cette ruse grossière qu’un prédateur sexuel a réussi à appâter et à agresser sexuellement à plusieurs reprises un ado de 13 ans très vulnérable. Styve Chouinard a également leurré de nombreux jeunes sur les réseaux sociaux et dans des skate parks.

L’homme de 32 ans a plaidé coupable, vendredi dernier au palais de justice de Longueuil, à de nombreux chefs de leurre et d’incitation à des contacts sexuels. Les cinq victimes sont des garçons âgés de 11 à 14 ans. Il a aussi reconnu sa culpabilité, l’été dernier, à des chefs de contacts sexuels sur un mineur et liés à la pornographie juvénile.

Styve Chouinard agissait en vrai prédateur, autant sur les réseaux sociaux qu’en personne. À l’été 2022, il rencontre à l’épicerie un jeune de 13 ans « très vulnérable ». Le garçon est affligé de dyspraxie et d’un TDAH et ne sait ni lire ni écrire. Une proie facile pour le récidiviste. Il lui était en effet interdit de communiquer avec des adolescents à l’époque.

Sous le faux nom de Steve Prévost, il commence à fréquenter le jeune après l’école. Il lui dit avoir 20 ans, mais prétend en avoir 16 auprès de la mère du jeune. Styve Chouinard appâte le garçon en fabriquant avec lui une « cabane » derrière un cabanon. Ils y boivent de la bière.

C’est dans cette « cabane » qu’il agresse sexuellement le garçon à de nombreuses reprises. Il est question de relations sexuelles complètes, parfois sans condom. Début juillet, la mère de la victime surprend l’agresseur pratiquement sur le fait. Furieuse, elle le somme de partir, à moins d’être capable de prouver qu’il a bien 16 ans. Il est arrêté quelques jours plus tard.

PHOTO FOURNIE PAR LE SERVICE DE POLICE DE L’AGGLOMÉRATION DE LONGUEUIL

Styve Chouinard

Les enquêteurs découvrent alors dans son téléphone de sordides images de pornographie juvénile impliquant surtout des garçons entre 8 et 14 ans, mais aussi des bébés de six mois. Il détient 1598 photos et 612 vidéos.

On découvre que Chouinard a produit de la pornographie juvénile en se masturbant en discutant avec un enfant de 10 ans sur l’application Snapchat. L’enquête lève le voile sur un véritable cyberprédateur sur les réseaux sociaux. Se présentant comme un jeune adolescent homosexuel, il tente de convaincre les jeunes de « devenir gai ».

Souvent, Styve Chouinard envoie des photos de son pénis aux victimes ou se masturbe pendant un appel vidéo. Il demande aussi à ses victimes des photos de leurs parties intimes. Son obsession : faire un « dodo call ». Les faits présentés en cour ne précisent toutefois pas de quoi il s’agit.

À une occasion, Chouinard — qui prétend avoir 15 ans — propose de rejoindre sa victime de 14 ans au skate park. Quand l’adolescent arrive, il aperçoit un jeune homme, les bras et les jambes entièrement tatoués, une caisse de bières à la main. Styve Chouinard prétend alors être le frère aîné de l’interlocuteur virtuel du jeune.

À quelques reprises, Styve Chouinard dit être en amour avec ses victimes. Il avoue notamment avoir des « sentiments qu’il ne peut contrôler » à un jeune ado rencontré dans un skate park de Saint-Jérôme. Le jeune le trouve toutefois insistant. Une autre fois, Chouinard demande à un ado de 13 ans de « sortir avec lui ».

Les observations sur la peine sont prévues en mai prochain. MAnne Gauvin représente le ministère public, alors que Me Rémi Quintal défend le délinquant.