Quatre experts qui ont participé à de nombreux démantèlements de laboratoires de drogues de synthèse nous racontent les menaces à l’environnement dont ils ont été témoins.

Gilles Vaudrin, gestionnaire du service d’analyse des drogues chez Santé Canada

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Gilles Vaudrin, gestionnaire du service d’analyse des drogues chez Santé Canada

« Quand on entre là, on n’entre pas dans un laboratoire pharmaceutique. Ils ne font pas le ménage entre chaque batch. Est-ce qu’ils connaissent les dangers des produits chimiques ? À voir comment c’est placé parfois, je dirais que non. Nous, dans nos laboratoires, nous avons des filtres pour capter les émanations, il faut se débarrasser des déchets dans le respect de l’environnement. Mais un laboratoire clandestin doit se débarrasser de ses déchets sans que personne le voie. J’ai déjà vu des sites où on avait creusé un trou et les produits étaient carrément jetés dans le trou. Ça peut être jeté dans le bois, dans l’évier, dans les toilettes, mais ça peut être aussi con que d’aller jeter ça dans un conteneur derrière un Walmart ! »

Jacques Théberge, sergent de la Gendarmerie royale du Canada

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Jacques Théberge, sergent de la Gendarmerie royale du Canada

« Dans le monde clandestin, les gens vont transporter un bidon d’acide dans leur véhicule, ils vont l’entreposer avec d’autres produits qui ne devraient pas se trouver dans la même pièce. Les gens vont faire du transvidage, car ils ne veulent pas qu’on retrouve le baril d’origine avec les informations sur l’importation. Ils vont prendre un contenant non approprié et ça va finir par couler. Ça arrive de voir des contenants dont le fond a fondu ! Des déversements, on en a vu plusieurs. Ils vont utiliser un conduit de sécheuse pour avoir une ventilation vers l’extérieur et tout autour, la végétation va être morte. Je n’ai jamais vu de laboratoire clandestin avec des filtres à charbon respectant les normes. »

Jean-François Dion, lieutenant de la Sûreté du Québec

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Jean-François Dion, lieutenant de la Sûreté du Québec

« Tout ce qui est rebuts et déchets, ils vont l’accumuler. À Saint-Valère, on a démantelé un laboratoire dans une ancienne porcherie et ça s’en allait dans la fosse à purin. On a aussi déjà vu une remorque qui avait été abandonnée, pleine de déchets. »

  • Laboratoire clandestin démantelé à Saint-Valère, près de Victoriaville, en 2017

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE À LA COUR

    Laboratoire clandestin démantelé à Saint-Valère, près de Victoriaville, en 2017

  • Laboratoire clandestin démantelé à Saint-Valère, près de Victoriaville, en 2017

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    Laboratoire clandestin démantelé à Saint-Valère, près de Victoriaville, en 2017

  • Laboratoire clandestin démantelé à Saint-Valère, près de Victoriaville, en 2017

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    Laboratoire clandestin démantelé à Saint-Valère, près de Victoriaville, en 2017

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Ghislain Cossette, capitaine de la Sûreté du Québec

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Ghislain Cossette, capitaine de la Sûreté du Québec

« À un moment donné, la capacité d’entreposage pour les déchets fait défaut. Et à ce moment-là, toutes les idées sont bonnes pour eux. On en a vu qui jetaient ça dans un lac artificiel sur la propriété, d’autres vont jeter ça au bord des routes dans les fossés. Ce sont des produits chimiques qui peuvent réagir fortement : parfois si tu mets deux barils de 45 gallons côte à côte, fermés, il peut y avoir une réaction entre les deux, on peut voir une distorsion du baril, qui peut s’affaisser, se perforer. »