Vous soupçonnez qu’une adolescente de votre entourage est victime de violence dans son couple ? Comment réagir ? On vous aide à y voir clair.

Garder son calme

Le réflexe, en apprenant qu’un être cher est dans une relation toxique, est souvent d’interdire ladite relation. C’est la pire chose à faire, préviennent les intervenantes consultées. « Quand on essaie d’aller trop vite, ça fait juste en sorte que les victimes vont se braquer, prévient la chercheuse Mylène Fernet. On a envie d’intervenir parce que ça vient nous chercher, mais il faut prendre sur soi. Il faut respirer par le nez. Des fois, il faut accepter que la personne ne soit pas prête à bouger. Puis peut-être que dans deux semaines, dans un mois, elle va être prête. »

« D’emblée, dit l’intervenante Valérie Désaulniers, les jeunes vont avoir tendance à éloigner leurs parents. »

« Quand [un agresseur] se rend compte que la mère de sa blonde n’est pas tout à fait d’accord avec la relation, il va commencer à tisser sa petite toile en disant : “Elle est bien trop restrictive, elle ne t’écoute pas…” À partir du moment où la mère demande de couper les ponts, elle vient de solidifier ce qu’il dit et la jeune se retrouve à devoir choisir », ajoute l’intervenante Mélanie Carrera Valente.

Ne pas minimiser la situation

Lorsque votre enfant vous confie une situation qui lui inspire un sentiment de malaise dans son couple, ne la minimisez pas, même si cela vous paraît anodin. D’abord, dit Mélanie Carrera Valente, gardez en tête que la (ou le) jeune risque de ne vous parler que du moins grave. Ensuite, « à partir du moment où elle en parle, c’est qu’elle trouve que quelque chose est bizarre. Ce n’est pas le temps d’arriver avec des commentaires comme : “Ah ! Mais il était vraiment fin, la dernière fois.” Ou : “Es-tu sûre ?” Dès que tu la fais douter, elle va se refermer comme une huître. Elle va penser qu’elle n’est pas capable d’avoir une réelle analyse de la situation, donc qu’elle est sûrement folle, que c’est elle qui exagère, et toutes ces choses que son chum lui dit pour justifier ses gestes à lui. »

Semer le doute… patiemment

Une stratégie à adopter, selon Annick Brazeau, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, est d’amener la victime à se poser des questions, sans jugement et sans pression. « Il faut juste que tu sois là, que tu observes et que tu mettes des doutes : “Est-ce que tu penses que c’est vraiment de l’amour, être jaloux comme ça ?” Si elle répond que oui, tu n’es pas obligé d’être d’accord. Tu peux répondre : “Moi, je trouve que c’est de la violence, mais je te respecte. Tu n’es pas rendue là, et sache que quand tu seras rendue là, je vais être là” », explique Mme Brazeau.

Où demander de l’aide

SOS Violence conjugale offre de l’aide et un service de référence aux maisons d’hébergement de votre région, par sa ligne téléphonique (1 800 363-9010) et son site web.

Consultez le site de SOS Violence conjugale

Les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale offrent aussi des services aux adolescentes, dont des groupes de soutien et des rencontres individuelles. Ces services, admet la présidente du regroupement, sont méconnus des jeunes.

Consultez le site du projet Étincelles