Irdens Exantus

Âge : 29 ans

Diplôme et fonctions : Diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada. Il a joué au cinéma (1 : 54), à la télé (Sans rendez-vous, Toute la vie, L’échappée, Les mecs), au théâtre (Rome). Il a été deux fois cité pour un prix Gémeaux. Il a déjà travaillé dans un centre jeunesse.

Un défi incontournable pour les Y

« La génération plus jeune est complètement perdue avec les réseaux sociaux, ce qu’il faut faire et ne pas faire. Le consentement, le rapport social à l’autre est tellement rendu quelque chose de compliqué. Je pense qu’il faudrait des cours à l’école pour apprendre à lire le langage corporel, pour comprendre quand quelqu’un ne va pas bien, pour aider les jeunes à être de meilleurs êtres humains, à être mieux dans leur peau, à être là pour les autres. »

Le chantier culturel

« Je pense qu’on va devoir travailler sur la culture québécoise, qu’on devra déterminer collectivement c’est quoi, être québécois en 2030, en 2040, en 2050 étant donné que le Québec change, qu’il se mélange, se développe. Il faut penser à comment on va créer un sentiment d’appartenance à notre belle culture québécoise. Je vois même des Québécois de souche qui peinent à se reconnaître dans la culture québécoise. »

Les valeurs phares

« Tout ce qui brime la liberté humaine, pour moi, c’est quelque chose qu’on se doit de défendre à tout prix. Ça englobe le profilage racial, la brutalité policière, le sexisme, l’islamophobie, la grossophobie, l’homophobie. »

Annie Bourgault

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Annie Bourgault

Âge : 39 ans

Diplômes et emploi : Baccalauréat en sciences infirmières et maîtrise en administration des affaires de l’Université Laval. Directrice adjointe chirurgie et périopératoire (700 employés) et directrice intérimaire du Centre universitaire d’ophtalmologie (140 employés) du CHU de Québec-Université Laval. Mère de deux enfants.

Être patron dans la trentaine

« Pour moi, tout le monde a le même âge. Ce qui définit les humains, c’est plutôt comment on est capable de partager une vision. Ce qui est important, c’est ce qui vibre en nous, ce qu’on a envie de faire. C’est probablement pour ça que malgré l’âge que j’avais [34 ans lors de sa nomination à son poste actuel], je ne me suis jamais dit que j’étais trop jeune pour le poste ou le défi. »

Leadership millénial

« Une valeur qui est très importante pour moi, qui teinte mon quotidien, c’est le plaisir. Il y a de gros défis au quotidien. On est dans la maladie. Donc, le fait d’avoir du plaisir ensemble au quotidien, de déterminer ensemble où on s’en va, de se serrer les coudes, c’est quelque chose que je porte. Et c’est important pour moi de prendre soin de ma famille, mais la famille, c’est plus large que celle à la maison. C’est aussi les collègues, comment j’en prends soin et comment je peux m’assurer que leur équilibre est respecté. Ce qui me guide, c’est la volonté de maintenir un alignement, une cohérence tête-cœur-tripes. C’est ce qui m’assure d’être au bon endroit et de faire une différence. »

Alexandre Binette

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Alexandre Binette

Âge : 40 ans

Diplôme et fonctions : Baccalauréat en génie logiciel de l’ETS. Possède la firme de consultants en conception de logiciels Altix Solutions en plus d’être maire de Moffet, un village en Abitibi-Témiscamingue, depuis 2017. Père de deux enfants.

Ce qui guide les décisions

« L’environnement, la durabilité, c’est important pour moi. La croissance économique à l’infini, ce n’est pas quelque chose en quoi je crois. Il faut faire des changements radicaux. Les petits gestes, en environnement, ça compte, mais les gros gestes comptent encore plus. C’est pour ça qu’on s’intéresse à l’autonomie alimentaire, par exemple. On veut se projeter dans un avenir qui serait environnementalement plus correct, avec un mode de vie plus durable, à l’échelle d’un village. »

Ce qui doit changer

« On a un système qui est optimisé sur le prix des choses et non sur l’écologie ou l’énergie. Tout ce qu’on veut, c’est que ça ne coûte pas cher, pour que ce soit rentable économiquement. En se basant uniquement sur ces métriques-là, on prend des décisions qui n’ont aucun sens. »

Une préoccupation

« La nourriture. Ça coûte de plus en plus cher et dans un petit village éloigné, c’est encore plus cher. Paradoxalement, on est dans la ruralité, on a des champs, des animaux. D’un point de vue d’optimisation énergétique, on devrait manger davantage ce qu’on produit localement. Donc, on a mis en place un plan pour améliorer notre autonomie alimentaire avec des infrastructures publiques comme une cuisine collective et une serre communautaire. »

Catherine Dubé

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Catherine Dubé

Âge : 32 ans

Diplômes et fonctions : Titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de HEC Montréal et d’un diplôme de l’École d’entrepreneurship de Beauce. Cheffe d’entreprise et consultante en management chez Coboom, une PME qui accompagne des PME dans la résolution de problèmes stratégiques, organisationnels et opérationnels. Membre du conseil d’Investissement Québec (IQ). Mère de deux enfants.

Le rapport au travail

Quand Catherine Dubé s’est présentée à l’École d’entrepreneurship de Beauce, c’était avec un bébé de 7 semaines qu’elle allaitait. Quand elle assiste à une réunion du conseil d’administration d’IQ, elle porte « les mêmes vêtements que pour aller aux pommes », généralement une robe avec un cardigan. Ces exemples illustrent à merveille la réalité de cette Y fort occupée : ses tâches de mère, de patron et d’administratrice se chevauchent parfois dans la même heure. Tout est imbriqué, grâce à la technologie notamment. Pas question de mener deux vies en parallèle, l’une personnelle et l’autre professionnelle. « Pour moi, c’est absurde d’avoir deux garde-robes ! » Ce n’est pas un détail, mais plutôt la démonstration de son rapport avec le travail. Dans la PME de 14 employés qu’elle dirige, il n’y a pas de hiérarchie ni de titres, mais beaucoup de transparence. Et surtout, l’âge et les années d’expérience ne donnent pas plus de poids à l’argumentaire ou aux questions.

Améliorer la société

Catherine rêve d’une « vie communautaire, pour vrai, avec un engagement ». Il faut arrêter de s’appuyer sur le gouvernement pour trouver des solutions, croit-elle. C’est le communautaire qui doit faire changer les choses, avec le soutien de l’État. « C’est facile de chialer. Mais c’est quand la dernière fois que tu es allé ramasser des déchets dans un parc ? Quand est-ce que tu as fait partie de la solution ? Il faut un engagement pour enlever de la pression sur le système qui est submergé. »

L’usage des réseaux sociaux

Catherine raconte qu’elle peut compter sur tout un réseau de contacts pour échanger des trucs de mère-patron-qui-ne-trouve-pas-de-place-en-garderie, des références, des conseils d’affaires, alouette. Ce qu’il y a de particulier dans son histoire, c’est que ces précieux contacts, elle ne les a… jamais vus en chair et en os pour la plupart. Tout se passe en ligne, grâce aux réseaux sociaux. « J’ai un grand réseau virtuel. On n’a pas le temps de se voir, car on a des vies de fous ! »

Nicolas Lemieux

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Nicolas Lemieux

Âge : 30 ans

Diplômes et fonctions : Baccalauréat en sciences politiques de l’UQAM et maîtrise dans le même domaine sur le point d’être obtenue. Travaille comme intervenant communautaire au Comité des personnes assistées sociales (CPAS) de Pointe-Saint-Charles, à Montréal, un organisme de défense des droits et d’éducation.

Motivations au travail

« Ce qui m’attire dans le communautaire, c’est l’impression réelle de ne pas travailler pour quelqu’un qui s’enrichit sur mon dos. Je défends les gens qui ont le moins d’argent dans la société. J’ai du pouvoir sur mon travail, je travaille en cogestion avec ma collègue, c’est ce qui me parle le plus. Je monte des projets qui viennent de nous. Dans les groupes communautaires, on a une autonomie intéressante. »

Le rapport à la technologie

« Moi, je travaille avec des analphabètes qui n’ont pas d’ordi. Il faut se concentrer davantage sur le besoin que le moyen. Quand on livre du McDo avec Uber, l’objectif n’est pas de nourrir quelqu’un, c’est de faire du profit. Pour faire face aux problèmes de la société, il faut sortir de la notion de profit. Il faut mettre le besoin de l’avant. Il manque de logements ? Il faut d’abord penser aux besoins. »

L’accès à la propriété

« Pour l’instant, je n’y pense pas parce que ce n’est pas quelque chose de possible. Je ne sais pas à quel point c’est générationnel, mais j’ai du mal à me voir plus que deux ans dans l’avenir. Payer un loyer qui augmente sans arrêt, ça, c’est un stress tous les jours. J’aimerais mieux être propriétaire, mais c’est tellement inaccessible que je dois en faire le deuil. »

Sarin Boivin-Picard

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Sarin Boivin-Picard

Âge : 33 ans

Diplômes et fonctions : Son profil LinkedIn compte 10 formations postsecondaires, dont un MBA à Oxford, un programme pour les leaders émergents à Harvard et un baccalauréat à HEC Montréal. Télétravaille en financement d’entreprises technologiques pour la firme américaine en capital de risque NextGen Venture Partners (à partir de Montréal) et siège au conseil d’administration d’Hydro-Québec.

L’impact des technologies

« J’ai un certain biais parce que je travaille en technologie, mais nos attentes en matière de service client n’ont rien à voir avec celles de nos parents. C’est tellement simple de commander un Uber ou quelque chose sur l’internet qui arrive en claquant des doigts, que dès que les attentes ne sont pas à la hauteur, on est beaucoup plus critiques. Certains services sont tellement bons que tout est transposé dans le reste de notre vie. »

Le sentiment généralisé

« On réalise l’ampleur des défis. C’est la raison pour laquelle il y a tant de jeunes qui veulent s’impliquer et qui aspirent à être dans des postes décisionnels. Est-ce un grand virage ? Oui, surtout sur le plan environnemental. Ça interpelle tous les jeunes que je fréquente. C’est impossible qu’on ne parle pas d’environnement, on a vu que la moitié de la province était en feu cet été et ensuite il y a eu des pluies torrentielles. Ça nous affecte de plus en plus. »

Matérialisme

« Je ne suis pas un grand acheteur. Le matériel ne m’apporte pas beaucoup de satisfaction. Je préfère la qualité à la quantité. On est moins matérialistes que d’autres générations, je pense. »