Le système de paie Phénix célèbre ce 28 février ses sept ans et il y a encore 418 000 problèmes de paie qui attendent d’être traités, rapporte l’Alliance de la fonction publique du Canada.

Phénix est ce système de paie créé par IBM qui avait été acheté par le gouvernement de Stephen Harper dans le but d’économiser, en centralisant le service de la paie de la fonction publique fédérale.

Il a engendré des milliers de trop-payés, des absences de paie pendant des mois, des primes non versées et autres ratés, sans compter le stress, l’angoisse et les problèmes financiers et de santé physique et mentale chez les travailleurs touchés.

Certains des problèmes de paie remontent à 2016 ; d’autres sont récents et ils continuent de s’accumuler, a expliqué en entrevue mardi Yvon Barrière, vice-président exécutif régional de l’AFPC-Québec.

« Depuis l’année passée, 40 000 nouveaux cas problématiques ont été signalés au système de paie. Et lorsqu’ils réussissent à en corriger une vingtaine de mille par année, ça fait juste augmenter le nombre total qu’on a depuis 2016 », a déploré M. Barrière.

L’AFPC avait négocié un dédommagement de 2500 $ pour ses membres, couvrant les exercices 2016-2017 jusqu’à 2019-2020, mais comme les problèmes persistent, elle s’affaire à négocier les paramètres d’un second programme d’indemnisation, a signalé M. Barrière. « On veut une nouvelle entente pour indemniser nos membres. »

Le gouvernement fédéral a lancé un programme de récupération des trop-payés, mais le temps presse, puisqu’il y a un délai de prescription de six ans. Et l’AFPC déplore le fait que des conseillers en rémunération soient réaffectés à ces recouvrements de trop-payés plutôt qu’à l’ensemble des 418 000 dossiers anciens et nouveaux non réglés.

« On demande au gouvernement d’embaucher plus d’agents de rémunération pour enfin réduire le nombre de problèmes », a plaidé M. Barrière.

L’AFPC a aussi réclamé « une enquête nationale sur le fiasco Phénix pour éviter de nouveaux désastres ». M. Barrière relate avoir déjà rencontré le premier ministre Justin Trudeau et s’être fait répondre qu’une enquête n’était « pas nécessaire ».

« Mais on pense qu’il faut mettre la lumière pour voir l’étendue de cette catastrophe monumentale et les conséquences que ça peut avoir, autant pour les fonctionnaires que pour les contribuables », a fait valoir M. Barrière.

En 2018, le Bureau du vérificateur général avait conclu que ce système de paie s’est révélé « moins efficace et plus coûteux que le système datant d’il y a 40 ans qu’il venait remplacer ».

Joint par courriel, le cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Mona Fortier, n’avait pas encore commenté, au moment d’écrire ces lignes.