Accusé d’avoir aidé cinq Mexicains à entrer illégalement aux États-Unis à partir du Canada, un passeur risque 15 ans de prison. Cette inculpation survient à un moment où les passages illégaux vers les États-Unis poursuivent leur croissance exponentielle.

Rey Felix-Rubio, 32 ans, a plaidé coupable vendredi, à Plattsburgh, dans le district Nord de New York, à une accusation de complot en vue de commettre « un trafic d’étrangers » et de possession illégale d’une arme à feu.

C’est le chef Robert Garcia, de la United States Border Patrol du secteur de Swanton, qui en a fait l’annonce, lundi, sur son compte Twitter. Ce secteur borde la frontière terrestre des États-Unis avec le Québec et l’Ontario.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE ROBERT GARCIA

L’arme à feu saisie

Selon le Bureau du procureur des États-Unis du district Nord de New York, Rey Felix-Rubio est entré illégalement aux États-Unis, en Arizona, en 2021.

Il a admis s’être rendu à la frontière nord de la ville de Chateaugay, dans l’État de New York, le 14 février 2023, pour faire passer cinq ressortissants mexicains du Canada aux États-Unis, à des fins lucratives.

M. Felix-Rubio a été arrêté près de la frontière canadienne par les patrouilleurs de la Burke Border Patrol, au volant d’une Jeep Liberty noire, dans laquelle il avait fait monter cinq citoyens mexicains ayant franchi à pied la frontière avec le Canada.

La progression de ces Mexicains, ainsi que celle du véhicule, avait été captée par des caméras installées en grand nombre par les autorités américaines dans la zone frontalière.

Un périple de 3000 $ US

Un des passagers, Luis Sandova-Flores, a raconté les étapes de son périple aux agents de la patrouille américaine.

Il a déclaré que, lorsqu’il était au Canada, on lui avait fourni les coordonnées d’un homme, nommé « Rey », qui pouvait l’aider à entrer illégalement aux États-Unis.

Luis Sandova-Flores a dit avoir contacté « Rey » et que ce dernier lui avait demandé un dépôt de 2000 $. Une fois la somme reçue, « Rey » lui a envoyé des photos de l’itinéraire qu’il devait emprunter et le lieu de prise en charge, du côté américain.

M. Sandova-Flores a partagé sa position avec « Rey » pendant le voyage et échangé avec lui des textos. Il devait lui donner 1000 $ additionnels à son arrivée à destination, en Virginie.

Le Mexicain est monté dans la voiture de « Rey » peu après minuit, le 14 février, avec quatre autres passagers. La patrouille frontalière, qui avait repéré le véhicule à l’aide de caméras, les attendait à l’intersection de la route 11 et de la Lost Nation Road, à Churubusco, pour les intercepter.

M. Sandova-Flores dit que « Rey a alors sorti l’arme qu’il portait à sa ceinture, qu’il l’a placée dans un sac et rangée dans la boîte à gants, et qu’il a ensuite demandé aux passagers de se taire ». Une fouille ultérieure du véhicule a permis de trouver un revolver Ruger 357 chargé dans un sac noir dans la boîte à gants.

Accusé d’être entré illégalement aux États-Unis, Luis Sandova-Flores a plaidé coupable par la suite, et écopé de 30 jours de prison, tout comme une autre passagère de la voiture, Estrella Molina-Castaneda, arrêtée au même moment.

L’accusé Rey Felix-Rubio, lui, doit connaître sa peine le 31 juillet, devant la juge Mae A. D’Agostino, à Albany. Il risque une peine de 5 à 15 ans de prison. À cela s’ajoutent une amende pouvant aller jusqu’à 250 000 $ US et une probation d’un maximum de trois ans. Il est aussi accusé de possession illégale d’une arme à feu.

Croissance en flèche

Les migrants qui décident de quitter le Canada pour se rendre aux États-Unis, souvent à grand risque, sont de plus en plus nombreux depuis avril 2022.

La United States Border Patrol constate en effet une croissance exponentielle du nombre d’étrangers qui tentent de franchir la frontière canado-américaine, dans le secteur de Swanton. De 84, en avril 2022, le nombre de personnes interceptées a atteint un sommet de 418, en février dernier. Les statistiques pour le mois de mars ne sont pas encore publiées, mais la tendance est à la hausse.

Le secteur de Swanton, qui s’étend sur plus de 38 000 km⁠2, comprend le Vermont, des comtés de l’État de New York et du New Hampshire.

Au Canada, le passage de clandestins est passible d’une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement.

« En imposant d’importantes sommes d’argent à leurs passagers pour en assurer le transport, les passeurs de clandestins ont fait de la migration illégale une entreprise lucrative, souvent en conseillant aux clandestins de demander l’asile à leur arrivée dans le pays de destination », peut-on lire sur le site du gouvernement fédéral.

« Quiconque bénéficie d’un avantage matériel, notamment pécuniaire […] commet une infraction passible, sur déclaration de culpabilité par voie de mise en accusation, d’un emprisonnement maximal de dix ans », précise le Code criminel.

Le fait de détruire tout document pouvant établir l’identité ou le statut d’immigrant d’une personne, qu’il soit authentique ou non, canadien ou étranger, est aussi un acte criminel, passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans.

Avec la collaboration de Vincent Larouche et de Pierre-André Normandin, La Presse

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    Nombre de personnes interceptées en tentant d’entrer illégalement aux États-Unis dans le secteur américain de Swanton (pour janvier et février 2023)
    Source : United States Customs and Border Protection