(Ottawa) Le Canada ne rapatriera pas une Québécoise détenue en Syrie avec ses six enfants, parce que les autorités estiment qu’elle présente un risque pour la sécurité, selon l’avocat qui s’occupe de son dossier.

Me Lawrence Greenspon, qui s’est efforcé de ramener la femme à la maison, a indiqué avoir été informé récemment de la décision par Affaires mondiales Canada.

Dans un message daté du 21 juin, le ministère a écrit que la femme avait des « croyances idéologiques extrémistes » qui pourraient la pousser à agir violemment.

Le gouvernement a donc fait valoir qu’il ne peut pas garantir qu’elle n’adoptera pas de tels comportements.

Me Greenspon n’accepte pas cet argument, le qualifiant d’inacceptable. Selon lui, le gouvernement pourrait toujours faire passer cette dame devant le système judiciaire canadien au besoin.

« Cette excuse comme quoi ils n’ont pas la capacité de surveiller sa conduite est un mensonge complet. C’est un mensonge pur et simple », a-t-il martelé en entrevue avec La Presse Canadienne.

Devant ce verdict rendu par Ottawa, la dame se retrouve donc devant un dilemme, a rappelé l’avocat : soit elle renvoie ses enfants au Canada seuls, soit elle les garde avec elle en détention syrienne.

« Ce n’est pas ce que je voulais entendre », a avoué Me Greenspon.

En novembre dernier, Affaires mondiales Canada a déclaré par écrit que la femme et ses enfants avaient rempli les critères d’examen par le gouvernement fédéral concernant l’aide aux Canadiens détenus dans la région.

La famille fait partie des nombreux ressortissants étrangers dans les camps syriens dirigés par les forces kurdes, qui ont repris la région déchirée par la guerre à l’État islamique extrémiste d’Irak et du Levant.

Me Greenspon a ensuite conclu un accord avec le gouvernement fédéral, plus tôt cette année, pour ramener aux pays six Canadiennes et 13 enfants de Syrie qui avaient initialement fait l’objet d’une action en justice. Certains de ces 19 Canadiens sont déjà de retour en sol canadien.

Cependant, la Québécoise, dont le nom n’est pas public, ne faisait pas partie du lot.

Me Greenspon a ajouté lundi qu’un autre pont aérien est prévu au début du mois de juillet.

Il espérait que la femme et ses enfants soient sur le vol vers le Canada, mais « nous n’avions pas prévu ce genre d’évaluation », a-t-il avoué.

Affaires mondiales Canada n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat sur ce dossier lundi.

Ce rebondissement survient quelques jours seulement après qu’une délégation canadienne, dont la sénatrice Kim Pate, a annoncé son intention de se rendre dans le nord-est de la Syrie à la fin août pour recueillir des informations sur les Canadiens qui sont toujours détenus dans des camps et des prisons sordides.

Le groupe comprendra également Alex Neve, qui est un ancien secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, et Scott Heatherington, un diplomate canadien à la retraite.