(Ottawa ) Le constat est cinglant : la police fédérale « ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner aussi efficacement qu’elle le doit pour protéger le Canada et les Canadiens contre les menaces les plus importantes en matière de sécurité nationale et de criminalité ».

Cette conclusion est tirée d’un rapport réalisé par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui a décidé de se pencher sur le mandat de la police fédérale il y a cinq ans.

De sérieuses lacunes ont été constatées, et ce, à plusieurs chapitres.

La gouvernance est « faible ». Les priorités des activités et des enquêtes sont mal établies. Les données sont de « piètre qualité », et sont mal gérées.

Et c’est sans compter que la coexistence de la police contractuelle – celle qui dessert huit provinces – et celui de la police fédérale – celle qui mène les enquêtes les plus corsées – a des effets « indésirables », tranche-t-on.

En accaparant 60 % du budget du personnel de la GRC, la première a nette prépondérance sur la seconde, qui se contente de 18 %.

« Les besoins en matière de ressources humaines pour la police contractuelle ont préséance sur ceux de la police fédérale ; par conséquent, le taux de postes vacants est plus élevé à la police fédérale », écrit-on.

À l’ère où l’extrémisme violent, la criminalité transnationale, la criminalité financière, l’ingérence étrangère, l’espionnage et la cybercriminalité sont en croissance, la répartition des ressources semble inadéquate.

D’où la conclusion selon laquelle les difficultés qui affligent la police fédérale « minent sa capacité à remplir son rôle dans l’appareil de la sécurité nationale et du renseignement », lit-on dans le rapport.

Le gouvernement doit donc « agir pour remédier à la situation », insiste le comité.

Il devrait notamment « établir que la police fédérale, une responsabilité exclusive du gouvernement fédéral, est prioritaire et qu’une réforme s’impose ».

Une réforme est bel et bien en cours à la GRC afin de moderniser cette division que le nouveau commissaire, Mike Duheme, appelle le « FBI du Nord ».

Car dans « tous les comités parlementaires », il n’est pas question de la gendarmerie, mais bien « d’ingérence, des frontières, de cybercriminalité, etc. », disait-il à La Presse il y a quelques semaines.

Même son de cloche donc, que ce rapport de 115 pages rendu public mardi par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.

Le comité en question est composé de députés et de sénateurs qui ont une habilitation de sécurité de niveau Très secret et qui sont astreints au secret à perpétuité en vertu de la Loi sur la protection de l’information.