(Melfort) Les membres des familles se sont serrés dans les bras et ont pleuré lors de l’enquête du coroner après avoir appris comment un tueur de masse s’est rendu de maison en maison, défonçant des portes et poignardant des membres d’une Première Nation de la Saskatchewan.

Les premiers appels au 911, diffusés mardi lors de l’enquête, montrent la peur croissante des membres de la communauté alors que Myles Sanderson, armé d’un couteau, terrorisait les gens de la nation crie de James Smith le 4 septembre 2022.

« Dépêchez-vous s’il vous plaît. Je saigne », a déclaré Brandon Genereaux, lors d’un appel à un opérateur du 911 après avoir été attaqué.

M. Genereaux a survécu au violent déchaînement, mais son père, Robert Sanderson, fait partie des 11 personnes tuées dans la Première Nation et dans le village voisin de Weldon.

Il y a eu 92 appels au 911.

Myles Sanderson, 32 ans, est mort en détention quelques jours plus tard.

Le sergent-chef Robin Zentner, de l’unité des crimes majeurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), a poursuivi son témoignage mardi, expliquant aux jurés comment les attaques s’étaient déroulées.

M. Zentner a témoigné lundi que Myles Sanderson et son frère, Damien Sanderson, avaient semé le chaos dans la Première Nation dans les jours et les heures précédant les attaques.

L’enquête a également permis de voir des textos envoyés par Damien Sanderson à sa femme disant qu’il était prêt à mourir.

Damien Sanderson a été le premier à être tué par son frère. M. Zentner a indiqué que la police pensait qu’il avait été tué après que Myles Sanderson ait poignardé sa première victime.

Damien Sanderson est intervenu dans cette attaque au couteau, a déclaré M. Zentner, et Myles Sanderson a ensuite attaqué son frère dans un véhicule. Damien Sanderson est sorti en courant du véhicule, laissant une chemise ensanglantée sur la route, a entendu l’enquête.

Certains membres de la famille ont commencé à pleurer lorsque l’enquête a montré des images du corps torse nu de Damien Sanderson, où il a ensuite été retrouvé dans les herbes hautes au bord d’une route.

L’enquête, qui se déroule à Melfort, au nord-est de Saskatoon, vise à établir les évènements qui ont mené aux meurtres, à déterminer qui est mort, ainsi qu’à statuer quand et où chaque personne a été tuée.

Une deuxième enquête portant sur la mort de Myles Sanderson est prévue en février.

Il a été demandé à M. Zentner si la GRC avait enquêté sur la raison des meurtres. Il a déclaré que les policiers avaient découvert des textos échangés entre les frères et certaines victimes quelques jours avant les attaques. Il était question de ventes de drogue et de dettes, ou d’argent dû en prison.

Selon M. Zentner, les entretiens de la GRC avec la famille ont également révélé que Myles Sanderson s’en prenait à toute personne associée au Terror Squad, un gang très présent en Saskatchewan.

Toutefois, a dit M. Zentner, rien n’indique que les meurtres étaient liés aux gangs et certains étaient clairement aléatoires.

La GRC a déclaré que, puisque le tueur est mort, les gens n’obtiendront peut-être jamais toutes les réponses sur ce qui s’est passé.

Des questions sur l’intervention des policiers

« Il n’y a pas d’échappatoire possible, c’est une journée de preuves incroyablement difficile », a déclaré Keith Brown, l’avocat représentant la Première Nation.

M. Brown a soutenu que le témoignage de M. Zentner était une « vision à mille pieds de ce qui se passait du point de vue d’un enquêteur de la police criminelle », mais qu’il fournissait un contexte important.

M. Brown a demandé à M. Zentner pourquoi les Autochtones ne contactaient pas la police ou ne lui faisaient pas confiance. Le policier a déclaré qu’il pourrait y avoir de nombreuses raisons, y compris une méfiance historique à l’égard de la GRC parmi les communautés autochtones.

Certains représentants de membres de la famille ont également posé des questions au policier. Les membres de la famille de Bonnie et Gregory Burns, une mère et son fils qui ont été tués, ont demandé pourquoi les agents qui sont intervenus se sont arrêtés au détachement de Melfort avant de se rendre dans la communauté.

M. Zentner a affirmé que les questions devraient être posées aux policiers, qui doivent témoigner mercredi.

L’enquête a appris que, quelques jours avant les meurtres, Myles Sanderson s’était rendu dans la Première Nation pour vendre de la drogue. Il s’est disputé avec la mère de ses enfants et Damien Sanderson a tenté de le calmer.

L’enquête a révélé que les frères parcouraient la communauté en voiture, se bagarraient et vendaient de la drogue.

À mesure que les frères passaient plus de temps ensemble, les textos de Damien Sanderson à sa femme devenaient plus fatalistes. M. Zentner a dit lundi que personne n’avait fourni d’explication complète sur le ton des textos de Damien Sanderson.

La chronologie des attaques établie par M. Zentner comprend des photos d’empreintes de chaussures sur les cadres de porte, de sang répandu dans les maisons et des vidéos des véhicules des policiers qui ont répondu à l’appel.

Il a donné un aperçu de la manière dont le tueur s’est déplacé dans la communauté, volant des véhicules et blessant des habitants.

Le fils de Myles Sanderson, âgé de 13 ans, se trouvait dans le sous-sol de la maison où Earl Burns Sr., l’ancien beau-père de Myles Sanderson, a été attaqué. M. Burns est décédé plus tard dans un autobus scolaire qu’il conduisait pour pourchasser Myles Sanderson.

Le garçon a déclaré à la police qu’il avait entendu son père dire à M. Burns : « Je vais vous tuer, toi et mon fils », a indiqué l’enquête.

Myles Sanderson s’est vanté des meurtres alors qu’il se rendait dans d’autres maisons de la Première Nation.

« Tu veux savoir combien de corps j’ai eu ce soir ? », a dit M. Sanderson à un survivant.

Darryl Burns, dont la sœur Gloria Burns a été tuée en essayant d’aider les autres, a déclaré qu’il était difficile d’entendre des témoignages sur la manière dont la drogue pourrait être impliquée.

« La cocaïne est le problème dans notre communauté. »