Les policiers de Montréal doivent souvent intervenir auprès de personnes aux prises avec des troubles de santé mentale. La Presse a accompagné des patrouilleurs dans le Plateau Mont-Royal pour avoir un aperçu de leur quotidien.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Les interventions liées à des problèmatiques de santé mentale « occupent beaucoup de temps policier » à Montréal, selon Sylvain Malo, commandant du poste de quartier 38 situé sur Le Plateau-Mont-Royal. En accompagnant des patrouilleurs de cette équipe un soir de juillet, La Presse a pu avoir un aperçu du quotidien des policiers dans ce secteur densément peuplé de la métropole.

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Alors qu’ils patrouillent dans le stationnement de l’Hôtel-Dieu, où se regroupent plusieurs personnes en situation d’itinérance, deux agents du poste 38 reçoivent un appel : une patiente s’est sauvée du centre de réadaptation où elle était soignée pour une blessure physique. Celle-ci a aussi un problème de santé mentale et ses médecins sont inquiets pour elle. Les policiers doivent ouvrir l’œil : la dame a des cheveux roses et se promène avec une poupée du personnage d’horreur Chucky dans les bras.

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Des personnes en situation d’itinérance lancent des contenants de bière sur des passants sur l’avenue du Mont-Royal. À l’arrivée des agents, cinq cannettes de bière jonchent le sol. Un homme et une femme sont assis sur le trottoir et rigolent ensemble. Malgré leur ivresse, ils ne sont nullement agressifs. En ramassant ses déchets, la dame souligne qu’elle ne brise rien. « Oui, mais tu pourrais faire mal aux gens », répond un des patrouilleurs en l’aidant et en lui demandant d’aller s’installer plus loin. « Passez une belle journée », dit l’agent. « Toi aussi, mon amour », répond la dame.

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« Souvent, quand un appel entre, il sera identifié comme une intervention pour un conflit familial, pour du bruit ou une autre problématique. Mais quand les policiers interviennent, ils remarquent qu’il pourrait y avoir des enjeux de santé mentale d’impliqués », note le commandant Malo. Selon lui, les cas de personnes en crise sont en hausse « depuis plusieurs années » à Montréal. Dans ces cas, les policiers doivent utiliser la loi P-38 et déterminer si une personne représente un danger immédiat pour elle-même ou pour autrui avant de savoir s’ils peuvent l’emmener ou non contre son gré à l’hôpital.

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La femme aux cheveux roses est repérée alors qu’elle arpente une rue du Plateau Mont-Royal. Les policiers l’interrogent pour connaître son état d’esprit. La dame ne va visiblement pas très bien. Elle a le visage peinturé de rouge. Durant la conversation, elle se met une couche sur la tête. « Oui, je suis schizophrène », dit la femme, qui ignore quel jour on est. En flattant sa poupée, elle affirme avoir accouché la veille. Les policiers lui demandent quels sont ses plans pour la soirée. Elle dit qu’elle ira danser au mont Royal et qu’elle retournera ensuite au centre de réadaptation. « Je ne suis pas un danger pour la société ni pour moi-même, dit-elle. Free, free. Mandat. Liberté ».

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Peinant à déterminer si cette dame remplit les critères énoncés dans la loi P-38, les agents contactent l’équipe d’Urgence psychosociale-justice (UPSJ). Ces intervenants sont formés pour évaluer les situations de crise et aident les policiers à prendre des décisions dans les cas compliqués. Arrivée sur place, l’équipe d’UPSJ détermine que la dame ne tombe pas sous le coup de la P-38. Elle acceptera finalement d’être reconduite au centre de réadaptation.

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Un autre appel entre pour les patrouilleurs : un homme suicidaire se trouve autour du parc La Fontaine et menace de mettre fin à ses jours. Les agents se précipitent sur place et repère rapidement le jeune individu. Après une courte discussion, ce dernier, qui représente à l’évidence un danger immédiat pour lui-même, accepte de son plein gré d’aller à l’hôpital.

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En passant par le quartier Milton-Parc, les policiers remarquent un homme vêtu d’un short en jeans et torse nu assis avec quelques sans-abri devant un dépanneur. Il n’a pas le droit d’y être selon un ordre de la cour. Les policiers l’interpellent. L’homme se fâche et insulte lourdement les patrouilleurs. Il est agité. Les policiers l’arrêtent pour non-respect de conditions. Bilan de la soirée : deux interventions sur quatre pour des personnes aux prises avec des troubles de santé mentale. Mais deux autres cas liés à des problèmes sociaux.