(Ottawa) Le fédéral souhaite modifier le Code criminel afin de s’assurer que les Afghans puissent recevoir l’aide humanitaire dont l’acheminement est parfois bloqué en raison des sanctions imposées contre les talibans.

Un projet de loi visant à corriger la situation a été inscrit au feuilleton, et il doit être présenté ce jeudi. On en saura davantage à ce moment-là, le privilège parlementaire interdisant d’éventer le contenu d’une mesure législative avant son dépôt.

Un trio de ministres — Marco Mendicino (Sécurité publique), Harjit Sajjan (Développement international) et David Lametti (Justice) — sera en conférence de presse au siège social de la Croix-Rouge canadienne pour en détailler les dispositions.

L’opposition à Ottawa réclamait des changements au Code criminel depuis des mois, à l’instar de certaines organisations non gouvernementales (ONG) qui ne parvenaient plus à venir en aide à la population afghane, prise en otage.

Le fédéral avait coupé les vivres à au moins deux d’entre elles, sous prétexte que les ressources auraient pu bénéficier au régime taliban par la bande. En raison du statut d’entité terroriste du régime, tout financement direct ou indirect qui leur profiterait expose les contributeurs à des poursuites criminelles.

« Nos opérations sont toujours suspendues. On ne peut pas faire notre travail en raison de ces restrictions législatives et réglementaires », se désolait en janvier dernier Sophie Rondeau, directrice et conseillère juridique de la Croix-Rouge canadienne.

L’organisation avait tiré la sonnette d’alarme en août dernier, en compagnie d’autres qui ressentaient le même sentiment d’impuissance, ne pouvant expédier de la nourriture ou encore des médicaments sans s’exposer à de sévères sanctions.

Urgence d’agir

Le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe, qui talonne le gouvernement Trudeau depuis plus d’un an dans ce dossier, se réjouit de cette « énorme victoire », même si son verdict final viendra après la lecture du projet de loi qui a selon lui mis beaucoup trop de temps à être rédigé.

Et une fois l’étape du dépôt franchie, il faudra travailler à « l’adopter à toute vitesse », plaide l’élu.

« Le gouvernement peut compter sur la collaboration du Bloc québécois pour accélérer le processus. On ne peut pas attendre au mois de septembre pour ce que ce soit en vigueur. Les gens en Afghanistan ont besoin d’aide maintenant », insiste-t-il.

La majorité de la population afghane ne mange pas à sa faim ; plus de 28 millions de personnes, soit les deux tiers de la population, auront besoin d’aide humanitaire en 2023, selon un rapport publié le 21 février dernier par le Programme alimentaire mondial.

Les talibans ont repris le contrôle à Kaboul en août 2021. Ils ont depuis réinstauré des mesures draconiennes, en particulier contre les femmes et les filles, interdisant notamment l’enseignement secondaire pour les jeunes femmes.